Dominique de Villepin livre souvent à la presse ses commentaires " à chaud ". Mais, depuis son arrivée au Quai d'Orsay, il n'avait pas encore accordé un aussi long et substantiel entretien que celui qu'on découvrira dans ce Numéro d'hiver. Un entretien de fond qui est, en réalité, la "grille de lecture" de la politique étrangère française.
Qu'ils approuvent, ou non, la " ligne " suivie par la France en matière internationale, nos lecteurs apprécieront que le chef de notre diplomatie s'adresse à eux, en priorité, pour préciser sa vision du monde.
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Ce Numéro 102 de Politique Internationale aborde également les autres grands dossiers du moment en donnant la parole, comme à l'accoutumée, à ceux qui décryptent l'actualité et à ceux qui la " font " (chefs d'Etat, ministres étrangers, chefs des principaux services de renseignement, présidents d'institutions monétaires...).
Ces experts et ces acteurs de la scène internationale répondent, ce trimestre, aux questions que nous nous posons tous. Celles-ci, par exemple :
• Renseignement. Dans quelle mesure les services de renseignement peuvent-ils contribuer à éradiquer le fléau terroriste ? S'ils le peuvent, à quelles conditions et à quel coût ? Jusqu'où peut et doit aller la collaboration entre services secrets rivaux ? Les évolutions technologiques les plus récentes condamnent-elles, à terme, le " bon vieux renseignement humain " ? Quel rôle précis l'action secrète a-t-elle joué dans le déroulement de la guerre en Irak (en général) et dans la capture de Saddam Hussein (en particulier) ?
• Europe. Quelles sont les causes profondes de l'échec du Sommet européen de Bruxelles, en décembre dernier ? S'agit-il de la fin d'une grande espérance ou d'une incompréhension toute provisoire ? L'impopularité croissante de l'Union européenne que font apparaître les sondages n'est-elle qu'un trompe-l'œil ? Un accord reste-t-il néanmoins possible sous la présidence irlandaise qui s'ouvre en ce mois de janvier 2004 ? Y a-t-il, comme on l'a dit, une irréductible "différence de culture" entre les pays qui ont une longue expérience de l'Europe et les autres ? L'idée d'un " noyau dur " européen a-t-elle toujours un sens ? Quel peut être, dans ce contexte, le destin de l'euro ?
• Amérique latine. A Cuba, le crépuscule du castrisme laisse-t-il des chances à la démocratie ? A La Paz, la révolte des " sans-voix " a-t-elle une valeur exemplaire ? A Brasilia, Lula est-il vraiment en train de faire triompher une " voie moyenne " entre réalisme économique et satisfaction des aspirations populaires ? A Caracas, Hugo Chavez parviendra-t-il à l'emporter sur ceux qui veulent sa perte et à inscrire son rêve bolivarien dans les faits ? Bref, le continent latino-américain est-il, ou non, capable d'imaginer une stratégie de développement originale qui, loin des clichés " anti-gringos ", donnerait toutes ses chances au progrès social ?
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Notre Rédaction n'a pas omis, non plus, les " questions du jour " : à Athènes, Costas Caramanlis est-il sur le point de mettre un terme au long règne des socialistes ? A Alger, Abdelaziz Bouteflika réussira-t-il à être reconduit à la tête de l'Etat ? A Islamabad, Pervez Moucharraf trouvera-t-il le moyen de résister à ceux qui viennent, une nouvelle fois, de tenter de l'assassiner ? Au Proche-Orient, Yasser Arafat consentira-t-il enfin à laisser la place à des dirigeants plus modernes, plus intègres, plus imaginatifs et plus désireux de tendre une main réconciliatrice à ceux des Israéliens qui désirent la paix ?
Albert Einstein - dont l'esprit, comme on le sait, n'était pas la moindre des vertus - a écrit, un jour : " Seul le futur m'intéresse car c'est le lieu où j'ai décidé de passer le reste de ma vie. " Dois-je préciser que, lors de l'élaboration de ce Numéro d'hiver, nous avons souvent songé au bel aphorisme de Monsieur Einstein ?
A toutes et à tous: bonne lecture.