Ce siècle sera le siècle des Amériques. " En prononçant cette phrase en novembre 2000, George W. Bush, fraîchement élu à la Maison-Blanche, avait un grand dessein en tête : l'Alca (Area de Libre Comercio de las Americas, Zone de libre-échange des Amériques) serait l'un des dossiers phares de son mandat. Loin des contrariétés irakiennes et de la menace terroriste, le président texan voyait se dessiner sous ses yeux ce qui serait le plus vaste marché du genre dans le monde : un espace de libre-échange regroupant, outre les Etats-Unis, pas moins de trente-trois pays de l'Amérique centrale et du Sud à l'exception de Cuba ; une union douanière délimitée au nord par l'Alaska et au sud par la pointe la plus australe du globe, la Terre de Feu. Cet ensemble regrouperait environ 800 millions d'habitants, presque autant que la Chine.
Son prédécesseur, le démocrate Bill Clinton, avait été le premier à lancer l'idée, en grande pompe, un jour de 1994 à Miami. Mais lui, George Bush, serait le premier président des Etats-Unis à lui donner ses contours définitifs. Aidé par son zélé ministre du Commerce, Robert Zoellick, véritable missionnaire du libre-échange, il ferait feu de tout bois pour qu'aboutisse cinq ans plus tard, en janvier 2005, ce projet grandiose. Le jeu en valait la chandelle. Car, à la différence de l'Europe et de l'Asie, la région constitue un vrai débouché commercial pour les entreprises américaines, surtout lorsqu'elles sont favorisées par la faiblesse du billet vert comme c'est le cas en ce moment.
Pour les Etats-Unis, l'Amérique latine est un marché de toute première importance. Entre 1990 et 2000, les exportations américaines de marchandises vers le sous-continent ont progressé de 137 % contre 99 % pour l'ensemble du monde. D'après certains experts - dont Scott Otteman, représentant de l'Association nationale des industriels américains -, l'Alca pourrait permettre de tripler, dans les dix ans qui suivront son entrée en vigueur, les exportations américaines de produits manufacturés à destination de l'Amérique du Sud et centrale. George Bush et son administration ont conscience de la portée de ces arguments. D'ailleurs, ils ne veulent pas se contenter d'abaisser les tarifs douaniers. Depuis le début, martèlent-ils, les négociations doivent couvrir neuf domaines : l'agriculture, les services, la propriété intellectuelle, la politique de la concurrence, l'accès aux marchés et biens industriels, les mesures anti-dumping, les subventions, le règlement des conflits et les achats gouvernementaux.
Le semi-échec américain
Quatre ans plus tard, le ton a bien changé. A Miami, les 20 et 21 novembre dernier, lors de l'ultime réunion des trente-quatre ministres du Commerce qui se déroule sur fond de gaz lacrymogènes et de manifestations anti-mondialistes (25 000 personnes défilent dans les rues), les Etats-Unis revoient leurs prétentions à la baisse. L'accord signé n'est plus qu'une pâle copie du plan initial de Bill Clinton. On parle désormais de " ZLEA light ", d'accord " minimal ". Même les opposants au néolibéralisme mobilisés lors du sommet se réjouissent de ce compromis qui marque, selon eux, l'échec des groupes …
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