Politique Internationale - Les choses bougent en Iran. Certains observateurs parlent d'une grave crise de régime, d'autres évoquent une situation " pré-révolutionnaire ". Comment analysez-vous ce qui se passe aujourd'hui dans votre pays ?
Réza Pahlavi - Après vingt-cinq ans d'existence, la République islamique affronte, à l'heure actuelle, un problème crucial : la remise en cause de sa légitimité, sur le plan tant politique que religieux. Il ne s'agit nullement d'un nouvel épisode de cette vaste farce qu'est la prétendue opposition entre les " réformateurs " et les " conservateurs ". Il ne s'agit pas, non plus, d'un simple affrontement parlementaire comme en connaissent les démocraties. Croyez-moi : nous assistons aujourd'hui au rejet total d'un système par un peuple qui en a assez d'être tenu à l'écart du monde moderne, du progrès, de la liberté. Les Iraniens ont compris que le seul obstacle qui les sépare du futur dont ils rêvent, c'est le régime. Au cours de ces dernières années, le niveau de vie s'est dégradé ; la corruption n'a cessé de croître ; dans tous les domaines, l'Iran a pris du retard ; et la seule réponse des autorités au mécontentement populaire a été une répression féroce ! Dès lors, il n'y a pas lieu de s'étonner que le pouvoir, prompt à tromper l'opinion, cherche à faire diversion en inventant une prétendue lutte au sommet. Il ne faut surtout pas se laisser abuser par ce grossier stratagème.
P. I. - Plus de 2 000 candidats ont tout de même été empêchés de prendre part aux élections législatives du 20 février. N'était-ce pas là le signe d'une authentique crise politique ?
R. P. - Le fond du problème n'est pas que des candidats aient été écartés. Imaginons qu'ils aient été autorisés à concourir. Au bout du compte, une fois élus, eussent-ils été en position de décider de quoi que ce soit ? Je le répète depuis des années : le cœur du problème, c'est la légitimité de la République islamique. La théocratie iranienne arbore la seule Constitution au monde où la souveraineté de la nation est pratiquement niée ! Le régime, qui prétend tenir sa légitimité d'une source divine, fonctionne sur la base du " Velayat-e faqih " (1). Dans les faits, ce principe signifie qu'une seule personne, le " guide suprême ", tranche entre ce qui est conforme à la loi et ce qui ne l'est pas. Le guide a un droit de veto sur n'importe quelle autre législation. Conséquence : si vous êtes un parlementaire en Iran, vous ne votez pas les lois ; vous vous contentez de les proposer à une institution (2) qui se trouve au-dessus de la mêlée. Et cette institution n'a pas de comptes à rendre au peuple puisqu'elle n'est pas élue ! C'est la vraie raison de l'impasse actuelle. Dans une démocratie, les citoyens ont le droit d'élire le candidat de leur choix dans le cadre d'un véritable processus électoral. Rien de tel en Iran. Pourtant, les dirigeants s'entêtent à répéter que ce …
Ce site est en accès libre. Pour lire la suite, il vous suffit de vous inscrire.
J'ai déjà un compte
M'inscrire
Celui-ci sera votre espace privilégié où vous pourrez consulter à tout moment :
- Historiques de commandes
- Liens vers les revues, articles ou entretiens achetés
- Informations personnelles