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Al-qaeda : le holding et ses filiales

Depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme islamiste d'inspiration wahhabite ne cesse d'évoluer et de proliférer de manière préoccupante, même s'il n'est pas parvenu à reproduire des actions de l'ampleur de celles de New York et de Washington. Il s'agit d'un terrorisme d'un genre totalement nouveau. Son fanatisme, son organisation et ses modes d'action posent de nombreux problèmes aux forces de sécurité des pays du monde entier.
Al-Qaeda : une réalité complexe
L'entité terroriste que la presse désigne, par commodité, du terme Al-Qaeda est la première organisation terroriste non gouvernementale (OTNG), transnationale et autosuffisante. Elle ne dépend d'aucun État et personne n'a de pouvoir sur elle. Aucun autre mouvement terroriste ne peut se targuer d'une telle indépendance, d'une telle autonomie financière, ni d'une telle capacité d'action (1). C'est l'organisation d'un homme qui a mis sa fortune au service d'une cause et qui a fédéré de multiples mouvements djihadistes. Grâce à l'action d'Oussama Ben Laden, le terrorisme arabe est devenu une très efficace structure virtuelle. Son fonctionnement n'a rien de comparable avec les cartels de la drogue d'Amérique du Sud ou les mouvements terroristes proche-orientaux, qui disposent tous d'une base territoriale ou d'un appui étatique. À l'image d'Internet, Al-Qaeda est un regroupement de cellules, sans centre de décision, sans aucune organisation hiérarchique ni formelle (2).
Avec Al-Qaeda, la menace islamiste a radicalement changé de nature : elle est plus protéiforme, plus éclatée et plus mondiale. Ses réseaux opèrent dans plus de 60 pays. Autrement dit, 80 % du " réseau des réseaux terroristes " se trouvent hors d'Afghanistan, son berceau d'origine. Le nombre total d'" Afghans arabes " recensés dans le seul Moyen-Orient varie, selon les sources, de 15 000 à 25 000. On estimait initialement qu'Al-Qaeda rassemblait des factions divisées, voire rivales. Aujourd'hui, les facteurs unitaires apparaissent au contraire de plus en plus puissants et l'on observe un rapprochement entre des mouvements qui opéraient auparavant indépendamment les uns des autres. Les liens humains se sont renforcés dans l'adversité, et l'existence d'un ennemi commun s'est révélée rassembleuse.
Al-Qaeda est une structure complexe. Elle se compose, d'une part, de l'organisation propre d'Oussama Ben Laden et, d'autre part, de nombreux groupes terroristes, unis par une culture commune du djihad et fortement enracinés dans leurs pays respectifs (Maghreb, Afrique, Moyen-Orient, Extrême-Orient, etc.).
En février 1989, Ben Laden créa d'abord le Comité du djihad, structure de coordination qui regroupait diverses organisations fondamentalistes sunnites : Gama'a al Islamiya égyptien, Djihad yéménite, Al-Hadith pakistanais, Ligue des partisans libanais, Gama'a al Islamiya libyen, Bait al-Imam jordanien et GIA algérien. Puis, en 1998, il mit en place son " internationale " du djihad : le Front islamique mondial pour le djihad contre les Juifs et les Croisés, qui réunit les organisations précédentes auxquelles vinrent s'agréger le Djihad égyptien, le Jamiat Ulema-e-Pakistan, l'Ansar et le Djihad bangladeshi, ainsi que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de l'Algérien Hassan Hattab.
Au cours des quinze dernières années, de nombreux autres mouvements armés se sont progressivement affiliés à Al-Qaeda, …