Le 14 mars 2004, Vladimir Poutine a été brillamment réélu président de la Fédération de Russie en obtenant plus de 71 % des suffrages dès le premier tour. Au-delà des questions relatives à l'équité de la campagne électorale, ce triomphe est dû avant tout au redressement spectaculaire que l'économie russe a connu au cours de ces dernières années. Bien entendu, tout n'est pas rose dans la Russie de Poutine, loin s'en faut. Le niveau de vie n'a toujours pas rattrapé celui qui prévalait sous Gorbatchev. Plus de 20 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Les pensions des retraités ne dépassent pas 40 euros par mois. L'espérance de vie est en chute libre. Et pourtant, sous le premier mandat de Vladimir Poutine (2000-2004), l'économie russe est bel et bien repartie. À peine réélu, le maître du Kremlin s'est engagé à " tout faire pour assurer une croissance stable à l'économie " de son pays afin de remplir le " principal objectif " de sa politique : " l'amélioration des conditions de vie " des Russes. Au chaos économique et social des années Eltsine succède, en effet, un semblant d'ordre et de stabilité sur fond de forte croissance économique. Les trains arrivent de nouveau à l'heure en Russie. Certes, pas tous. Quant à l'arrestation spectaculaire du magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski, elle est venue rappeler que les relations entre le monde des affaires et l'État sont encore loin d'être pacifiées...
Il n'empêche : certains trains - pour continuer de filer la métaphore ferroviaire - arrivent à quai, dans la gare et à l'heure prévue. Les arriérés de salaires ont pratiquement disparu ; les retraites sont versées ; l'inflation est sous contrôle ; une classe moyenne émerge, porteuse d'innombrables projets professionnels et personnels. Un grand nombre de Russes savent gré à Vladimir Poutine de leur avoir ôté de l'esprit le terrible sentiment que leur avenir était derrière eux. Bref, le plus dur est passé. L'économie russe est aujourd'hui l'une des plus dynamiques au monde, derrière la Chine et l'Inde. En 2003, la croissance a atteint 7,3 % - contre 0,2 % en France - portant à 29,3 % la progression du PIB en quatre ans !
Il est vrai que Vladimir Poutine a bénéficié de circonstances favorables. La chute du rouble, associée au krach financier d'août 1998, a permis de restaurer la compétitivité du " Made in Russia ". Dans le même temps, la flambée des cours du pétrole a injecté des revenus dans l'économie du pays. Mais il est tout aussi vrai que les réformes d'inspiration libérale et la stabilité politique qui ont caractérisé le premier mandat du président auront également contribué à la renaissance de l'économie russe. D'où la question : le rétablissement de la Russie relève-t-il du miracle ou du mirage ?
La renaissance
17 août 1998. L'économie russe est en dépôt de bilan. Le premier ministre Sergueï Kirienko annonce l'instauration d'un moratoire sur les dettes des banques russes envers les banques occidentales, le gel du remboursement …
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