Situé entre la mer Noire et la mer Caspienne, pris en étau entre la Russie, la Turquie et l'Iran, le sud du Caucase - passage obligé de toutes les invasions, laboratoire de la politique étrangère des puissances environnantes, vivier d'antagonismes latents - est une zone hautement instable. En 1991, à peine sortie de l'orbite russe, toute la région bascula dans une spirale de guerres nées de revendications séparatistes locales soutenues par Moscou. Treize ans après l'euphorie des indépendances, les trois républiques de Transcaucasie (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan) portent encore les stigmates des affrontements armés qui les déchirèrent au moment de l'écroulement de l'URSS. Ces conflits intestins les empêchent toujours d'élaborer une véritable coopération régionale, notamment en matière de sécurité.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'ignorent à l'ombre du conflit gelé du Haut-Karabakh (1) tandis que la Géorgie, dépossédée de plus d'un tiers de son territoire depuis que l'Ossétie du Sud (au nord) et l'Abkhazie (au nord-ouest) ont, de facto, fait sécession (2), se trouve au bord de l'éclatement. Marquée par les fractures religieuses et ethniques, soumise aux jeux des alliances entre les grandes puissances, la " Montagne des peuples " est en quête d'équilibre. Zone volatile où les braises des confrontations passées ne demandent qu'à être ravivées, le sud du Caucase n'est pourtant pas resté en dehors des bouleversements en cours.
L'amarrage à l'Occident
La guerre contre la menace globale représentée par le terrorisme, la crise du système international, la mondialisation de l'économie y ont éveillé de nouvelles dynamiques. Certes, l'Arménie, fille chérie de la Russie, s'est contentée de renforcer ses liens avec le grand voisin du Nord ainsi qu'avec l'Iran - sans toutefois renoncer à établir des relations privilégiées avec Washington. À l'inverse, l'Azerbaïdjan et la Géorgie n'ont eu de cesse, ces dernières années, de se chercher une place sous le parapluie américain. À Bakou comme à Tbilissi, la mémoire des conflits séparatistes encouragés en sous-main par l'élite politico-militaire russe reste vive, d'où leur désir d'échapper à l'étreinte du " grand frère ". C'est pourquoi ces deux États post-soviétiques ont, chacun, lors du sommet de Prague en 2002, fait acte de candidature à l'Otan.
Ces dernières années, les liens entre l'Alliance et les républiques de l'ex-URSS se sont renforcés, en particulier par le biais de manœuvres militaires conjointes conduites dans le cadre du " Partenariat pour la paix " instauré il y a tout juste dix ans. Mais cette coopération n'a pas l'heur de plaire à Moscou, plus que jamais alarmé par l'attrait que l'Otan exerce sur ses anciennes marches. L'élite politico-militaire russe - qui ne s'est jamais consolée de la perte de l'empire, tsariste ou soviétique - a très mal réagi à l'expansion de l'Alliance, récemment élargie à sept nouveaux membres issus de l'ancien bloc soviétique et l'a qualifiée d'" erreur " (3). Dominer l'espace post-soviétique, reconquérir cette zone considérée par la Russie comme relevant de " la sphère de son intérêt traditionnel " (4) : tel est l'un des objectifs affichés par le Kremlin à l'aube du second mandat de …
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