La hausse du prix du pétrole brut observée au cours de l'été 2004 a, encore une fois, alarmé les opinions publiques et agité les marchés financiers. Faut-il y voir l'annonce d'un nouveau choc pétrolier ou un simple coup de feu ? Cette flambée soudaine ne risque-t-elle pas de mettre en péril un timide retour de la croissance économique ? Comme à chaque crise pétrolière, un certain nombre de Cassandres relayées par les médias annoncent, chiffres à l'appui, que, dans vingt-cinq ans, il n'y aura plus de pétrole et que nous nous rapprochons dangereusement du fameux " peak pétrolier ", celui qui marquera le moment où la production pétrolière atteindra son apogée pour amorcer un inévitable déclin. Par quoi faudrait-il alors remplacer le pétrole ?
Beaucoup d'affirmations sont lancées, souvent trop rapidement, à un moment de l'Histoire où les marchés mondiaux de l'énergie n'ont jamais été aussi complexes ni marqués par des incertitudes aussi nombreuses. Or la récente hausse des prix reflète à la fois la très forte sensibilité d'un marché qui fonctionne en flux tendus et des changements plus profonds qui annoncent probablement le passage progressif à une ère où les prix du pétrole - et, plus généralement, de l'énergie - se fixeront durablement à des niveaux plus élevés. Il faut sans doute se faire à l'idée que la longue période pendant laquelle l'énergie était abondante et bon marché est révolue (1).
Les extrêmes tensions des marchés du pétrole
Les tensions que le marché a connues au cours de l'été 2004 contrastent singulièrement avec le calme relatif et ô combien paradoxal de l'année 2003. Au cours de l'année 2003, la scène pétrolière internationale a été bouleversée par trois événements indépendants et concomitants : un bras de fer au Venezuela entre le président Chavez et la compagnie nationale PDVSA ; des troubles sociaux au Nigeria ; et la guerre conduite par les États-Unis et la Grande-Bretagne pour la " liberté en Irak ". Trois sources d'approvisionnement tarissent au même moment et les prix ne flambent pas à cent dollars ou plus ? L'explication est simple : en 2003, les pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), principalement ceux du Golfe, avaient la capacité de compenser les insuffisances de l'offre ; ils ont donc mis sur le marché l'équivalent des quantités manquantes. L'Opep était alors en mesure de réguler les prix dans une fourchette qu'elle s'était donné comme objectif : 22-28 dollars par baril (rappelons que le baril de pétrole représente 159 litres), fourchette portée ensuite - non officiellement - à 28-34 dollars pour tenir compte de la perte de valeur du dollar par rapport à l'euro. Cette fourchette reflète une sorte de compromis implicite sur un niveau de prix qui convient à la fois aux pays exportateurs et au principal importateur, les États-Unis. En effet, un baril autour de 30 dollars permet à l'Amérique de maintenir une production nationale aux coûts élevés. Cette stratégie a été maintenue d'une façon assez remarquable entre 1999 et début 2004.
Mais en 2004 …
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