Les Grands de ce monde s'expriment dans

Hong-Kong en liberté surveillée

Les pessimistes, à l'inverse, pensaient que Hong Kong allait devenir une " ville chinoise de plus ". Ils prédisaient une croissance effrénée de la corruption et le développement d'un capitalisme de " copains et de coquins " - un système au sein duquel les liens des hommes d'affaires avec le pouvoir (de Pékin plus que de Hong Kong) seraient plus importants que leurs compétences. Ces pessimistes annonçaient que les pressions politiques du Centre auraient raison de la spécificité de l'ancienne colonie britannique, notamment de l'État de droit et de la liberté d'expression.
D'autres, enfin, se demandaient si les dirigeants chinois ne chercheraient pas à faire de Hong Kong un nouveau Singapour : une " cité économique " dotée d'un gouvernement autoritaire et paternaliste, dont les habitants se consacrent essentiellement à l'élévation de leur niveau de vie sans se préoccuper de futilités comme la liberté de publication, de manifestation et d'expression.
L'analyse du déroulement des événements depuis le 1er juillet 1997 semble donner raison aux derniers... du moins si l'on s'en tient aux intentions des dirigeants des gouvernements central et régional. Car Hong Kong n'est pas Singapour ; son histoire, sa position géographique et sa culture politique sont différentes. Aujourd'hui comme par le passé, à Hong Kong comme ailleurs, la situation est le produit d'une interaction entre les intentions des dirigeants et les réactions de la société, sans oublier les hasards de l'Histoire. Ainsi, alors qu'en 1997 tant les habitants de Hong Kong que les observateurs étrangers s'attendaient à des difficultés dans le domaine politique en raison de l'installation du nouveau régime, c'est la crise financière asiatique qui est venue tester la solidité de la nouvelle configuration. Dans cette première épreuve, comme nous allons le voir, Pékin s'est porté au secours de la RAS, sauvant sa monnaie des attaques des spéculateurs.
L'économie
Les difficultés de la RAS
Au cours de ces dernières années, l'économie hongkongaise est passée par de nombreuses phases difficiles. Le taux de chômage a atteint des hauteurs inégalées et la position de la région n'est plus aujourd'hui aussi solide qu'il y a sept ans.
Il faut dire que Hong Kong n'a pas eu de chance. C'est, en effet, au moment même où la RAS commençait à peine à se relever de la crise financière asiatique et où l'indice Hang Seng (qui indique l'état de santé de la cité depuis des décennies) venait tout juste de retrouver des couleurs grâce au développement des nouvelles technologies qu'a éclaté, comme dans le monde entier, la bulle du commerce électronique. Le gouvernement de Tung Chee-hwa (nommé par Pékin au moment de la transition), qui
avait misé sur ce secteur pour rendre à Hong Kong sa compétitivité, était une fois de plus frappé par le sort comme si le marché se vengeait de cette volonté interventionniste du gouvernement dans la capitale du laisser faire. Alors que la région était encore plongée dans une sorte de " gueule de bois " consécutive à l'éclatement de la bulle, et que le gouvernement cherchait les moyens …