Par cette fronde symbolique, les dirigeants de ces trois petits pays, coincés entre la Russie, la Biélorussie et la Pologne, entendent montrer au monde entier qu'ils sont des membres à part entière de la communauté internationale et qu'ils ont bien l'intention de faire entendre leur voix dans le concert des nations.
Un an plus tôt, le 1er mai 2004, en adhérant à l'Union européenne, ils avaient mis un terme à un processus engagé presque quinze ans auparavant : la reconquête de leur pleine identité européenne, qui leur avait été volée soixante ans plus tôt, comme nous venons de le dire, à la faveur de l'occupation soviétique. Quelques semaines après avoir rejoint les structures de l'Otan (le 2 avril 2004), les trois pays avaient enfin le sentiment d'en avoir bel et bien fini avec la Seconde Guerre mondiale.
On a sans doute trop tendance en effet à négliger la spécificité du cas balte : des dix nouveaux entrants dans l'UE, seuls les Baltes ont été précédemment, et contre leur gré, des républiques constitutives de l'Union soviétique. Au terme d'une transition rapide, le volontarisme de ces trois pays, qui avaient fait de cette double adhésion la priorité de leur politique étrangère, a donc été récompensé. Mais si leur parcours vers l'UE peut être assimilé à un indéniable " sans-faute ", il n'en a pas moins été chaotique, semé d'embûches et de quelques déconvenues. Forts de leur expérience historique (la " trahison européenne " est très présente dans le discours balte) et d'un processus d'adhésion qui s'est parfois révélé décevant, comment se positionnent aujourd'hui élites et populations des États baltes vis-à-vis de l'Union européenne ? Comment ces États, qui se considèrent comme de " petits pays " si facilement oubliés de l'Histoire, envisagent-ils leur participation à la construction européenne ? Comment comptent-ils faire entendre leur voix dans cette nouvelle Union ?
Un processus de désenchantement
Au lendemain de la restauration de l'indépendance des Pays baltes, rares étaient ceux qui auraient parié sur la pérennité de ces petits États ; mais ceux-ci se sont montrés très adroits en se tournant résolument vers l'Europe. Ils ont donc opté pour un pari a priori paradoxal : tout juste sortis de l'Union soviétique, il leur a semblé que le moyen le plus sûr de rendre leur indépendance irréversible était de sacrifier un peu de leur souveraineté à peine retrouvée au nom d'une autre Union, européenne celle-là. Ce pari était d'autant plus audacieux que la position de Bruxelles, en réponse à leurs aspirations, pouvait sembler versatile et réductrice. La tiédeur de l'UE a, en effet, bien failli plonger les populations de ces pays dans le doute : la grande maison européenne voulait-elle vraiment leur faire une place ?
Changements de cap dans l'UE
Il est indéniable que les atermoiements de Bruxelles sur la manière de traiter les candidats à l'adhésion ont semé une certaine confusion dans ces pays. La Communauté européenne a d'abord développé à l'égard des trois États baltes une approche commune : elle les a reconnus …
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