Les Grands de ce monde s'expriment dans

COMMENT SORTIR DE L'IMPASSE

Début 2006, en l'espace de deux mois, Palestiniens et Israéliens ont radicalement transformé la scène politique de leurs pays. Fin janvier, les premiers ont offert au Hamas un triomphe électoral (1) qui a abouti à la constitution d'un gouvernement islamiste. Fin mars, les seconds, convoqués pour des législatives anticipées, ont donné l'avantage au parti Kadima, une formation centriste créée par Ariel Sharon quelques semaines avant son attaque cérébrale du 4 janvier.

Après le déclenchement de l'Intifada al-Aqsa, en septembre 2000, le processus de paix initié dans les années 1990 a connu un coup d'arrêt brutal. Les récents changements internes viennent confirmer que le dialogue politique n'est plus à l'ordre du jour : les vainqueurs des derniers scrutins se regardent en chiens de faïence. La communauté internationale, quant à elle, n'a pas encore pris la mesure de la situation. Il faudra, pourtant, qu'elle s'y ajuste. Il appartient aux Occidentaux d'élaborer une diplomatie plus « vraie », toujours engagée dans la recherche d'une solution durable mais adaptée aux réalités de l'heure.
Les leçons du retrait de Gaza

Le 12 septembre 2005, les derniers soldats israéliens quittaient la bande de Gaza. Une occupation militaire de trente-huit ans prenait fin. Ce départ, sans fanfare, intervenait bien en avance sur le calendrier prévu. Il faisait suite à l'évacuation forcée, à la mi-août, des vingt et une colonies de ce territoire, des quatre à cinq mille habitants qui y résidaient encore et des quelques milliers de manifestants qui les avaient rejoints pour leur témoigner leur soutien.

De la mise en oeuvre fructueuse du plan de désengagement de Gaza plusieurs leçons méritent d'être tirées. La première, c'est que les faits accomplis sur le terrain, dont les colonies étaient le symbole le plus visible, ne sont pas irréversibles. Une volonté politique déterminée peut les remettre en cause. Cette volonté n'a jamais manqué à Ariel Sharon. Après avoir annoncé son plan de retrait unilatéral en février 2004, le premier ministre a su, en effet, pour parvenir à ses fins, passer outre l'opposition des militants de son propre parti, le Likoud, surmonter l'hostilité de la majorité des députés du camp nationaliste et résister à la fronde de nombreux ministres. En décidant de mettre un terme à la présence israélienne dans la bande de Gaza, cet homme qui avait tant fait pour la renforcer durant des décennies a fini par faire prévaloir les considérations stratégiques au détriment des motivations idéologiques. Abandonner cette contrée peuplée de 1,3 million de Palestiniens et dépourvue de véritable utilité militaire, c'était conjurer le spectre de la parité démographique judéo-arabe. Un objectif suffisamment important pour renoncer au rêve d'un Grand Israël s'étendant du Jourdain à la Méditerranée...
La deuxième leçon, c'est que le mouvement des colons n'est en mesure de peser véritablement sur le jeu politique qu'aussi longtemps qu'il dispose de relais puissants à l'intérieur du système politique. Mais si ces relais lui font défaut, il n'est plus en mesure de contrecarrer les évacuations des implantations décidées par le gouvernement. Certes, la « mobilisation de la rue …