IRAK : UNE VICTOIRE AMÉRICAINE ?

n° 111 - Printemps 2006

Dans leur ensemble, les Américains se montrent plus nuancés mais, d'après les sondages, ils sont aujourd'hui une majorité à ne pas faire confiance à George Bush dans sa gestion de la crise irakienne et à estimer que l'intervention fut une erreur. Bien que seule une minorité soit favorable à un retrait immédiat, ils sont de plus en plus nombreux à partager l'opinion du Démocrate Howard Dean. Celui-ci déclara, le 5 décembre, que « l'idée selon laquelle nous sommes en train de gagner la guerre est malheureusement une idée totalement fausse ».
Au moment où l'on célèbre le troisième anniversaire du déclenchement des hostilités, il faut se demander si de tels sentiments sont justifiés ou s'ils relèvent, au contraire, d'un excès d'émotivité face à une série de revers tels qu'on en rencontre dans tous les conflits majeurs. À ce stade, il est évidemment impossible de répondre à la question. Il faudra attendre des années avant de savoir si l'Irak deviendra une démocratie stable ou si, comme les opposants à la guerre le promettent, le pays s'enfoncera dans le despotisme et les conflits intercommunautaires. Il se peut que les pessimistes aient finalement raison et que cette aventure s'achève sur un fiasco. D'autant que c'est le genre de prédiction qui s'entretient elle-même : plus l'opposition à cette guerre sera forte aux États-Unis, moins il y aura de chances pour que nos troupes l'emportent sur le terrain. Ce qui est évident, en tout cas, c'est que s'il est trop tôt pour formuler des jugements définitifs, il n'est pas trop tôt, en revanche, pour dresser un bilan objectif des trois années écoulées.
Sans tomber ni dans la critique systématique ni dans la ferveur aveugle, on constate que l'administration a multiplié les faux pas, mais que leurs conséquences ne sont pas irrémédiables. Et il faut mettre au crédit du président Bush d'avoir évité le pire : même dans les circonstances les plus critiques, il n'a jamais perdu son sang-froid, contrairement à nombre de Démocrates qui avaient pourtant soutenu l'intervention. Grâce au courage du président, à l'endurance du peuple irakien et, surtout, aux compétences et à la bravoure des forces de la Coalition, la victoire reste l'issue la plus probable. Mais, à cause des erreurs commises, elle sera plus difficile à obtenir...
Les causes

L'opposition à cette guerre s'est d'abord cristallisée sur le casus belli. Aux yeux de beaucoup de gens, les discours va-t-en-guerre sur la nécessité de renverser Saddam Hussein ont pris du plomb dans l'aile lorsqu'il est apparu que les fameuses armes de destruction massive (ADM), dont l'administration assurait qu'elles existaient en grand nombre, demeuraient introuvables. Nul stock d'armes chimiques ou biologiques ; pas la moindre preuve d'un programme nucléaire... L'absence d'ADM est certes un sérieux contretemps, mais elle ne remet pas fondamentalement en cause la logique qui a conduit à la guerre. Elle ne signifie pas, non plus, que les artisans de l'intervention aient « menti », comme le prétendent certains Démocrates. George W. Bush et Tony Blair seraient-ils fous au point d'impliquer leurs …