En ce début de xxie siècle, les États-Unis, la Chine et désormais l'Inde doivent relever un défi majeur, celui de leur vulnérabilité pétrolière. Ces trois grands consommateurs d'énergie partagent la même préoccupation : réduire leur dépendance à l'égard du Moyen-Orient, trop instable, tout en s'assurant un approvisionnement régulier en or noir. Au début des années 1990, le pétrole de l'Asie centrale et de la mer Caspienne a suscité la convoitise de Washington, de Pékin et, dans une moindre mesure, de New Delhi. Mais l'enthousiasme pour cette région s'est progressivement émoussé : des incertitudes politiques et juridiques majeures planent sur les États centre-asiatiques et leurs réserves en hydrocarbures se sont révélées sensiblement inférieures aux prévisions initiales. Les trois puissances se tournent donc vers l'Afrique, continent qui, avec 9,4 % des réserves mondiales (comparables à celles de l'Irak), assure aujourd'hui 11,4 % de la production de pétrole de la planète (1).
Chine : une stratégie tous azimuts
Rapprochement avec des États affaiblis
La Chine a commencé à s'intéresser à l'Afrique dès les années 1950 et la conférence de Bandoeng. Les motivations de l'État maoïste étaient, alors, d'ordre exclusivement politique. Quelques années plus tard, en 1971, ce soutien au continent noir porte ses fruits : les États africains facilitent le retour de Pékin au Conseil de sécurité de l'ONU (2). Toutefois, après la mort de Mao Zedong en 1976, la présence de la république populaire de Chine (RPC) en Afrique se fait plus discrète : Deng Xiaoping privilégie le développement du pays plutôt que l'expansion extérieure. Pendant deux décennies, cette expansion se limite à certains États, en particulier le Bénin et le Togo. En réalité, la RPC n'a jamais quitté l'Afrique ; mais, depuis quelques années, elle revient en force, comme en témoignent la mise en place, en 2000, d'un Forum bilatéral de discussion sino-africain (FOCSA) (3) et la visite de Hu Jintao en Égypte, au Gabon puis en Algérie en janvier 2004. Plus récemment, en janvier 2006, le ministre chinois des Affaires étrangères, Li Zhaoxing, s'est rendu dans plusieurs pays africains dont le Nigeria, le Cap-Vert, la Libye et le Mali. La raison de ce regain de sollicitude est évidente : Pékin voit dans l'Afrique un véritable réservoir de matières premières énergétiques et minières indispensables à sa croissance économique. Car, depuis 1993, le pays le plus peuplé de la planète est devenu importateur de pétrole. En 2006, la Chine, deuxième consommateur mondial de ce naphte précieux - derrière les États-Unis et devant le Japon - devra importer près de la moitié de sa consommation. Pour l'heure, 55 % des importations de pétrole chinoises viennent du Moyen-Orient. Une dépendance que le renforcement des liens avec l'Afrique pourrait réduire.
La RPC a démarré son implantation pétrolière dans des États en délicatesse avec la communauté internationale : au Soudan (4), en Libye puis, plus récemment, en Angola. En 1997, au Soudan, la China National Petroleum Corporation (CNPC) (5) s'associe dans le cadre d'un consortium - la Greater Nile Petroleum Operating Company (GNPOC) - avec la …
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