Commencé en 2001, le mandat du président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, s'est achevé en 2006 au terme d'une législature entière, ce qui est exceptionnel dans ce pays. Une fois de plus, les électeurs transalpins ont choisi l'alternance, comme ils l'avaient déjà fait en 1994, 1996 et 2001. Le pays est bien entré dans ce que certains observateurs appellent la Seconde République : un système marqué par des changements réguliers de majorité qui tranchent avec la longue domination de l'ancienne Démocratie chrétienne, laquelle avait perduré des lendemains de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au début des années 1990. Mais une fois de plus, comme c'est maintenant souvent le cas dans nombre de démocraties, la consultation des 9 et 10 avril dernier s'est révélée très serrée et la victoire de la coalition de Romano Prodi, le challenger de Silvio Berlusconi, s'est jouée sur le fil. L'âpreté de la campagne électorale, l'ampleur du taux de participation (près de 83 %) et la tension qui a entouré la proclamation des résultats définitifs ont accentué la dramatisation d'une élection à suspens.À l'issue du scrutin, l'Italie apparaît plus que jamais comme étant profondément divisée entre deux camps qui s'affrontent sur de nombreux sujets économiques, sociaux, politiques et culturels. À la Chambre des députés, la coalition du centre gauche, l'Unione, a rassemblé plus de 19 millions d'électeurs (soit 49,8 % des suffrages exprimés), devançant la Maison des libertés - nom de l'alliance dirigée par Silvio Berlusconi - de seulement 24 755 voix. Un écart minimal mais suffisant. En effet, le mécanisme de répartition des sièges prévu par la loi électorale que la majorité sortante avait adoptée à l'automne 2005 a permis aux vainqueurs d'obtenir 348 sièges contre 281 à leurs adversaires. Au Sénat, en revanche, le centre droit l'a emporté, avec plus de 17 millions de voix et 50,2 % des suffrages, soit plus de 428 000 bulletins d'avance sur son concurrent, qui a rassemblé 48,9 % des électeurs. Pourtant, au final, le centre gauche obtient une infime et incertaine majorité de deux sénateurs, grâce à l'apport des Italiens de l'étranger qui ont pu, pour la première fois, voter directement depuis leurs pays de résidence.
Ces données déterminent en grande partie le devenir de la péninsule. Celui-ci sera tributaire de deux facteurs principaux. Primo, la nature et les formes de l'opposition risquent d'entraver l'action du nouveau gouvernement. Car - et c'est là l'un des enseignements majeurs de ces élections - si Silvio Berlusconi et ses alliés ont incontestablement perdu cette bataille, le phénomène complexe du « berlusconisme » n'est pas mort. La Maison des libertés fera entendre sa voix au Parlement - et en particulier au Sénat - en profitant du fait qu'une partie de l'Italie risque de manifester rapidement son hostilité aux projets de Romano Prodi et, notamment, à la politique d'austérité qu'immanquablement il devra impulser. Secundo, le futur de notre voisine dépendra largement de la capacité du chef du gouvernement à diriger une coalition hétérogène, à satisfaire les attentes contradictoires de son électorat... et à …
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