Les Grands de ce monde s'expriment dans

UNE POLITIQUE ETRANGERE A BOUT DE SOUFFLE

La France est en crise. Et sa diplomatie ressemble de plus en plus à un astre mort. Ce pays qui eut toujours la volonté d'exister sur la scène du monde, voire de le transformer à son image, d'abord au titre de fille aînée de l'Église, puis de patrie des Lumières et des droits de l'homme, semble aujourd'hui comme embourbé. Presque aphone. Un an après le référendum sur la Constitution européenne, le silence de la France est même assourdissant. Pas de bilan des échecs. Pas de remise en question. Pas de propositions.Et quand nous parlons - comme le fit Dominique de Villepin à la tribune des Nations unies, le 14 février 2003, pour brandir la menace d'un veto français à l'intervention militaire américaine en Irak -, qu'en reste-t-il ? Un panache bien français, comme l'affirma alors une classe politique ravie de tant d'audace et d'indépendance ? Ou le vague souvenir d'une posture anti-guerre qui n'a abouti qu'à miner nos relations avec l'Amérique et à diviser l'Europe ?
Crise européenne ; politique algérienne ; complaisance à l'égard de la Russie de Poutine, de la Chine communiste ou de nombre de dictateurs africains ou arabes... la litanie de nos revers, de nos compromissions et de nos ridicules est devenue préoccupante (1). Elle finit même par dessiner les contours d'une crise profonde. Une crise qui, au-delà des carences personnelles des responsables politiques et diplomatiques, ressemble fort à la faillite d'un système.
« Le problème n'est pas seulement celui de la diplomatie, confie un haut fonctionnaire français. C'est pareil dans tous les domaines. On n'a plus d'idées, ni de courage politique. Surtout, il n'y a plus d'objectifs clairs de la politique étrangère française. Or la diplomatie est un outil de souveraineté, un outil au service d'une nation qui sait ce qu'elle est et où elle va. Faute de quoi, elle se résume à une machine bureaucratique qui ne prend que des décisions techniques ou, pire, des décisions politiques dépourvues de légitimité. »
Les ministres des Affaires étrangères qui se succèdent au Quai d'Orsay affirment être tous persuadés que la France a des « responsabilités particulières » sur la scène internationale. Jusque-là, rien que de très normal. Ancien coeur culturel et politique de l'Europe et d'une partie du monde, la France, pays de la Déclaration universelle des droits de l'homme, ancienne puissance coloniale, dotée d'un siège permanent au Conseil de sécurité et de l'arme nucléaire, possède le deuxième réseau diplomatique de la planète, après les États-Unis. Elle reste aussi l'un des principaux fournisseurs en forces de maintien de la paix sur des théâtres d'opérations extérieures (2).
Mais ces atouts ne sont plus mis au service d'un projet clair et crédible. Invités à définir plus concrètement ce que nos responsabilités internationales signifient et impliquent, nos politiques restent trop souvent dans le flou de la « globalité », comme le souligne avec esprit un Dictionnaire des idées reçues rédigé clandestinement par la frange impertinente de notre personnel diplomatique (3). « La diplomatie française ne propose que des solutions …