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IMPASSE DANGEREUSE AU KOSSOVO

La première rencontre au plus haut niveau entre Belgrade et Pristina sur le « statut futur » du Kosovo, tenue le 24 juillet dernier, s'est achevée, comme on pouvait s'y attendre, sur un constat de désaccord. Les Albanais ne veulent entendre parler que de l'indépendance, seule option que les Serbes rejettent catégoriquement. La communauté internationale conserve néanmoins pour objectif de boucler ce dossier d'ici à la fin de l'année 2006. On voit pourtant très mal quel terrain pourrait se dégager pour un éventuel compromis. À défaut d'un accord, il reviendra donc au Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer un règlement de la question - qui pourrait, d'ailleurs, n'être qu'une nouvelle solution transitoire. Depuis juin 1999, le Kosovo est en effet placé sous administration provisoire des Nations unies, dans le respect formel de la souveraineté de la Serbie - unique héritière légale de l'ancienne république fédérale de Yougoslavie depuis la sécession du Monténégro en juin 2006. Faute de recensement récent, on estime la population du Kosovo à quelque 2 millions d'habitants, à plus de 90 % albanais. 100 000 Serbes et Roms résident toujours dans la province, même si 200 000 d'entre eux ont été déplacés en Serbie. Le Kosovo compte également des petites communautés bosniaques, turques, gorani ou croates. Un peu plus de 20 000 soldats de l'Otan - déployés dans le cadre de la KFOR - ont pour mission d'y assurer la sécurité.
Cependant, au Kosovo, l'impatience ne cesse de croître, ce qui peut conduire à une confrontation ouverte entre la communauté albanaise et l'administration internationale du territoire. Un tel embrasement aurait nécessairement de graves conséquences pour toute la région : la question kosovare « empoisonne » déjà la vie politique de la Serbie, mais aussi celles de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine...
Il existe à ce sujet une étrange symétrie des arguments. À ceux qui affirment que l'indépendance du Kosovo remettrait en cause tous les équilibres de la zone, d'autres répondent que c'est justement le refus de l'indépendance qui provoquerait une nouvelle bourrasque régionale. Un adage trop souvent répété prétend que « les guerres yougoslaves ont commencé au Kosovo et se termineront au Kosovo ». Il apparaît plutôt que c'est le statu quo délétère imposé depuis 1999 par les Nations unies qui risque de déboucher sur une nouvelle explosion du « baril de poudre balkanique ». Quoi qu'il en soit, la communauté internationale parviendrait-elle à circonscrire les effets de l'onde de choc que susciterait, dans les Balkans, une nouvelle crise kosovare ? Rien n'est moins sûr.
Difficultés économiques et sociales
En sept années de protectorat international, le Kosovo n'aura guère progressé. Les membres des communautés non albanaises (Serbes, Roms, Bosniaques, Gorani) demeurent, le plus souvent, confinés dans des ghettos ou des enclaves ; la situation économique ne cesse de se dégrader ; les services publics sont en déshérence ; la justice est en faillite ; seule la corruption prospère.
Une corruption galopante
À l'été 2006, les coupures de courant étaient encore quotidiennes et systématiques dans tout le …