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ISRAEL-IRAN:UN CONFLIT ANNONCE

Le conflit qui a opposé, du 12 juillet au 14 août 2006, la milice chiite libanaise pro-iranienne Hezbollah (le « parti de Dieu ») à l'armée israélienne a illustré plusieurs grandes évolutions géopolitiques du Moyen-Orient. La plus considérable d'entre elles est sans doute l'inquiétante montée en puissance d'un Iran expansionniste et pan-chiite. C'est à cette aune qu'il convient de présenter la nature et les objectifs du Hezbollah, le protagoniste considéré - à tort, nous le verrons - comme le grand vainqueur du conflit de l'été dernier.Le Hezbollah instrumentalisé
Deux lieux communs en vigueur depuis la fin du conflit tendent à valoriser cette organisation.
Un outil aux mains de Téhéran
Le premier consiste à prétendre que cet organisme est d'essence libanaise ou, du moins, qu'il est plus enraciné au Liban que l'était l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans les années 1970 (1). Or, si les membres du Hezbollah sont effectivement, pour la plupart d'entre eux, des citoyens libanais, leur instrumentalisation par l'Iran n'a jamais cessé de croître depuis 1989, date des accords inter-arabes de Taëf (2). Le pan-chiisme propre au khomeinysme iranien, conjugué au désir du régime des mollahs d'étendre son influence en Méditerranée orientale, a hissé le parti de Dieu au rang d'enjeu stratégique pour Téhéran ; à telle enseigne que, depuis le retrait complet d'Israël de la zone de sécurité du Liban-Sud, le 25 mai 2000, l'Iran ne se contente plus de financer les programmes sociaux et les campagnes électorales de son allié, mais lui fournit aussi équipements et conseillers militaires en grande quantité. Plus encore : lors du conflit de l'été 2006, les servants des missiles FAJR de moyenne portée tirés par dizaines sur Haïfa étaient iraniens (3)... Cette évidente proximité stratégique irrite nombre de Libanais - même si, sous les bombardements israéliens, les habitants du pays du Cèdre ont affiché leur unité face à l'ennemi commun.
Une milice lourdement armée
Second lieu commun s'agissant du Hezbollah : il s'agirait d'un parti politique doublé d'un organisme social pourvoyant aux besoins d'une population délaissée par l'État. Tout à fait exact, ce constat n'empêche absolument pas le parti de Dieu de posséder une dimension militaro-terroriste : militaire avec, au soir du 11 juillet 2006, plusieurs dizaines de milliers d'engins balistiques de type Katioucha et FAJR d'origine soviétique et de provenance iranienne (dont l'essentiel, mais pas la totalité, fut détruit par les bombardiers israéliens), et des centaines de commandos formés et bien équipés ; terroriste avec plusieurs attentats d'envergure (le 23 octobre 1983, plus de trois cents soldats de la paix français et américains mandatés par les Nations unies trouvaient la mort dans des attentats kamikazes ; et le 18 juillet 1994, des dizaines de membres de la communauté juive de Buenos Aires étaient à leur tour les victimes d'un attentat du « parti de Dieu ») (4). Enfin, la pression identitaire chiite, à laquelle s'ajoutent un contrôle des moeurs étouffant et l'impôt « révolutionnaire », a fait fuir - on l'oublie trop souvent - les deux tiers de …