Que s'est-il passé au sommet de l'État israélien au cours de la « seconde guerre du Liban » ? Qui, le 12 juillet 2006, a pris la décision de déclencher une attaque aérienne d'envergure contre le Hezbollah (1) ? Les dirigeants politiques ou les chefs militaires ? Certes, dans une démocratie, c'est aux élus de la nation qu'il incombe de décider de l'entrée en guerre ; mais le gouvernement d'Ehoud Olmert ne s'est-il pas contenté d'avaliser des propositions de l'armée sans examen approfondi et sans vrai débat préalable ?Plusieurs commentateurs ont avancé cette hypothèse. Yagil Lévy, sociologue spécialiste de l'armée israélienne et enseignant à l'université de Beer-Sheva, est allé jusqu'à affirmer que l'on a assisté, cet été, à un véritable « putsch » auquel l'autorité politique ne s'est pas opposée (2). Au contraire, même : selon lui, le gouvernement a « volontairement renoncé à sa responsabilité de débattre en profondeur » des conséquences de l'opération visant à détruire le Hezbollah et n'aurait fait qu'avaliser les plans de Tsahal, sans proposer d'option alternative. Cette opinion est aussi celle d'Uzi Benziman, chroniqueur au quotidien Haaretz, qui rappelle que même l'opération « Rempart » - la réoccupation, en avril 2002, des villes palestiniennes en réponse à une série d'attaques suicides - avait été précédée de trois mois de délibérations (3).
Le questionnement sur le poids de l'armée est propre à toute démocratie. Il est encore plus prégnant dans un pays comme Israël - un pays qui, on le sait, possède une armée importante (161 000 hommes et femmes sous les drapeaux, 425 000 réservistes mobilisables dans les trois jours, plus d'un millier d'aéronefs) et est engagé dans un conflit prolongé avec ses voisins. Depuis une vingtaine d'années, d'innombrables ouvrages ont été consacrés à Tsahal et, en particulier, au problème des relations civils-militaires (4). Certains auteurs ont largement insisté sur les dangers de l'« influence excessive » que l'armée exercerait sur le pouvoir civil, légitimement élu. D'après eux, la subordination des militaires aux politiques ne serait pas totale. Les dirigeants se contenteraient d'entériner des propositions avancées par les militaires et fondées sur des informations... fournies par ces mêmes militaires. D'autres experts n'ont pas hésité à évoquer le spectre du « prétorianisme » (5) et de la « militarisation » de la société (6). Ofer Shelah, journaliste à Yediot Aharonot, a lancé la formule de « putsch silencieux » (7) - manière de souligner l'ascendant qu'exerce l'armée sur les dirigeants civils et l'incapacité de ces derniers à contrebalancer son influence. Une question ressurgit régulièrement dans le débat politique israélien : est-ce l'État qui dispose d'une armée ou l'armée qui dispose d'un État (8) ?
Le poids politique des généraux israéliens
L'armée au coeur de la société
De tous les pays démocratiques, Israël est celui dont l'armée possède la plus grande capacité d'influence. Tsahal jouit d'une popularité exceptionnelle au sein de la population, non seulement en raison de l'état de guerre prolongé mais, aussi, parce qu'elle est perçue comme l'ultime rempart contre la destruction de l'État …
Le questionnement sur le poids de l'armée est propre à toute démocratie. Il est encore plus prégnant dans un pays comme Israël - un pays qui, on le sait, possède une armée importante (161 000 hommes et femmes sous les drapeaux, 425 000 réservistes mobilisables dans les trois jours, plus d'un millier d'aéronefs) et est engagé dans un conflit prolongé avec ses voisins. Depuis une vingtaine d'années, d'innombrables ouvrages ont été consacrés à Tsahal et, en particulier, au problème des relations civils-militaires (4). Certains auteurs ont largement insisté sur les dangers de l'« influence excessive » que l'armée exercerait sur le pouvoir civil, légitimement élu. D'après eux, la subordination des militaires aux politiques ne serait pas totale. Les dirigeants se contenteraient d'entériner des propositions avancées par les militaires et fondées sur des informations... fournies par ces mêmes militaires. D'autres experts n'ont pas hésité à évoquer le spectre du « prétorianisme » (5) et de la « militarisation » de la société (6). Ofer Shelah, journaliste à Yediot Aharonot, a lancé la formule de « putsch silencieux » (7) - manière de souligner l'ascendant qu'exerce l'armée sur les dirigeants civils et l'incapacité de ces derniers à contrebalancer son influence. Une question ressurgit régulièrement dans le débat politique israélien : est-ce l'État qui dispose d'une armée ou l'armée qui dispose d'un État (8) ?
Le poids politique des généraux israéliens
L'armée au coeur de la société
De tous les pays démocratiques, Israël est celui dont l'armée possède la plus grande capacité d'influence. Tsahal jouit d'une popularité exceptionnelle au sein de la population, non seulement en raison de l'état de guerre prolongé mais, aussi, parce qu'elle est perçue comme l'ultime rempart contre la destruction de l'État …
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