Les Grands de ce monde s'expriment dans

George W. Bush dans la tourmente

Avec la défaite des républicains aux élections de mi-mandat et un Moyen-Orient en flammes, George W. Bush sent le monde lui échapper. Mais il n'abandonnera pas la partie. Il ne quittera pas l'Irak. Faisons un pari : d'ici au 20 janvier 2009, date de l'investiture de son successeur, la présence des Boys en Irak ne sera pas sérieusement remise en cause. Il y aura probablement des réaménagements de l'opération militaire américaine, conformément aux recommandations de la commission Baker-Hamilton que le Congrès a mise en place à la mi-2006 et qui a remis ses conclusions le 6 décembre dernier : un peu plus de soldats à Bagdad, au moins temporairement ; une évolution de leur mission, qui passera de la lutte contre les insurgés à la formation des forces de sécurité irakiennes ; et le retrait de quelques dizaines de milliers d'hommes (sur plus de 140 000 actuellement) en 2007 et 2008. Mais le désengagement n'ira pas plus loin.Pour comprendre l'état d'esprit du président et le nouveau rapport de force qui s'est établi à Washington, et surtout pour prévoir ce que seront les deux prochaines années, il n'est pas inutile de revenir sur les grandes phases du mandat écoulé. Voilà un an, dans ces colonnes (1), nous proposions de distinguer trois moments successifs dans l'action de cette administration : les huit premiers mois de George W. Bush, de janvier à septembre 2001, que caractérisait un mélange de réalisme classique et d'unilatéralisme militant ; la phase néoconservatrice qui s'est étendue des attentats du 11 Septembre à la fin du premier mandat, en 2004 ; et, enfin, la phase « post-néoconservatrice » propre au second mandat - une phase marquée à la fois par la persistance d'une rhétorique idéaliste et par une pratique de plus en plus réaliste qui voit les stratèges de Washington s'adapter de mauvaise grâce à l'érosion de la puissance américaine au Moyen-Orient... tout en essayant de sauver ce qui peut encore l'être.
Bush, les yeux sur l'Histoire
Les élections de mi-mandat du 7 novembre 2006 n'ont pas changé les données fondamentales de cette troisième phase : derrière une pratique diplomatique où le réalisme s'impose de plus en plus, comme nous le verrons plus loin, le président continue de croire au « pouvoir transformateur de la liberté » et au bien-fondé de la remise en cause du statu quo au Moyen-Orient entamée en 2003. Il estime qu'il faut rester ferme dans les épreuves et que la démocratie finira par triompher sur le long terme. Cette obstination s'explique par au moins deux facteurs. Le premier est la personnalité du locataire de la Maison Blanche. Ce born again Christian est profondément persuadé que le monde est le lieu de l'affrontement du Bien et du Mal, et qu'il a personnellement une mission sacrée à remplir ; de plus, l'ancien alcoolique qu'il est, guéri en 1986, sait qu'il ne faut jamais dévier d'une « goutte » de l'objectif que l'on s'est fixé.
Le second facteur tient à ses intérêts politiques. Il faut ici remettre …