Les Grands de ce monde s'expriment dans

NUCLEAIRE: L'ADIEU AUX ARMES

Il règne dans le monde un sentiment d'insécurité quasiment général, mais les causes de ce sentiment, de même que la perception des risques, varient d'une région à l'autre. La plupart des gens s'attachent aux menaces d'ordre économique et social : la pauvreté, la dégradation de l'environnement et les maladies infectieuses. D'autres mettent l'accent sur les conflits entre États ; d'autres encore sur les conflits internes et la guerre civile. Nombreux sont ceux - en particulier dans le monde développé - qui inscrivent le terrorisme en tête de liste.En vérité, toutes ces menaces sont liées entre elles et dépassent les frontières nationales. Des stratégies mondiales communes sont nécessaires pour y faire face, et les gouvernements se rassemblent, à l'ONU et ailleurs, pour les élaborer et les mettre en oeuvre. Le seul domaine où il n'en existe aucune est justement celui qui risque de présenter le plus grand danger, à savoir les armes nucléaires.
La plus grande menace
Je dis « le plus grand danger », et cela pour trois raisons :
En premier lieu, les armes nucléaires constituent une menace sans précédent pour l'existence de l'ensemble de l'humanité.
En deuxième lieu, le régime de non-prolifération nucléaire se heurte actuellement à une crise de confiance majeure. La Corée du Nord s'est retirée du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), tandis que l'Inde, Israël et le Pakistan n'y ont jamais été parties. De sérieux doutes, pour le moins, planent quant à la nature du programme nucléaire iranien. Il en résulte que la légitimité et la crédibilité de l'approche « au cas par cas » de la non-prolifération qu'ont adoptée les puissances nucléaires sont, à leur tour, remises en question.
En troisième lieu, la montée du terrorisme et le danger de voir des terroristes acquérir des armes nucléaires accroissent considérablement l'hypothèse de leur emploi.
Et pourtant, malgré la gravité et l'ampleur de cette menace, les gouvernements du monde l'abordent de manière sélective et non globale.
Cette démarche est, dans un sens, compréhensible. L'idée même de l'autodestruction du monde est insoutenable. Mais il ne faut pas s'arrêter là. Il faut essayer d'imaginer les conséquences humaines et écologiques de l'explosion d'une bombe atomique dans une grande métropole - voire dans plusieurs - ou d'un affrontement général entre deux États dotés d'une pareille capacité d'anéantissement.
En mettant l'accent sur les armes nucléaires, je ne cherche pas à minimiser le problème des armes chimiques ou biologiques qui sont également des armes de destruction massive interdites en vertu de traités internationaux. Le risque que ce type d'arme tombe entre les mains de terroristes n'est pas à exclure, et c'est là-dessus que doit s'imposer réellement une réflexion nouvelle.
Les armes nucléaires n'en restent pas moins les plus dangereuses. Une seule bombe peut détruire une ville tout entière, comme nous l'avons vu à Hiroshima et à Nagasaki, et il existe maintenant des engins infiniment plus puissants qu'en 1945.
Il y a quarante ans, la quasi-totalité des États du monde, conscients que ce danger devait être évité à tout prix, …