Cette toile de fond contribue à nourrir le nationalisme épidermique d'une population paupérisée et spoliée par dix-sept dures années de transition post-communiste. Mais certains se demandent si, à force de chevaucher le nationalisme, Vladimir Poutine ne finira pas par en devenir prisonnier. A priori, les prochains mois devraient être l'occasion d'une surenchère en la matière. À l'approche des élections législatives qui précéderont l'année de la présidentielle, une grande bataille est engagée entre les clans du Kremlin, même si les différents prétendants ont été formés dans le même moule idéologique et politique. En 1999, le déclenchement de la guerre de Tchétchénie et la lutte contre l'« ennemi tchétchène » avaient servi de vade-mecum électoral au futur chef du Kremlin, Vladimir Poutine. Il n'est pas exclu que, cette fois encore, le pouvoir se cherche un « ennemi imaginaire » pour remporter la mise. Tenter de nager à contre-courant de la vague nationaliste apparaît, en tout cas, quasiment impossible. Ceux qui essaient de s'opposer à la logique guerrière des militaires en Tchétchénie ou de dénoncer la xénophobie qui gagne partout du terrain sont devenus pratiquement inaudibles. Le phénomène nationaliste est désormais une tendance de fond.
Les ressorts du nouveau nationalisme russe
Lorsqu'on les interroge sur la probabilité de l'avènement d'un régime nationaliste dur dans leur pays, les Russes répondent généralement par la négative. Pour eux, la nation russe n'aurait jamais été menacée par l'émergence d'un nationalisme agressif en raison, paradoxalement, de son identité impériale. Occupée à agglomérer autour d'elle des dizaines de nations, elle n'aurait jamais eu de penchant réel pour la haine nationale. D'ailleurs, tout le monde sait bien que c'est en éprouvant une immense fascination pour le Caucase et ses cultures que les officiers de l'armée tsariste …