P. I.
Politique Internationale - Depuis le 1er janvier, jour où l'Allemagne a pris, pour six mois, la présidence de l'Union européenne, vous avez pris plusieurs initiatives marquantes visant à lutter contre le réchauffement climatique (1). Quelle est votre analyse de la situation dans ce domaine ? Le climat et la nature tels que nous les connaissons sont-ils réellement voués à disparaître ?
Angela Merkel - En Allemagne, nous sommes encore relativement tranquilles : pour l'heure, nous ne sommes pas le pays qui a le plus eu à se plaindre du changement climatique. Il reste que, ces dernières années, nous avons connu une terrible tempête, d'importantes inondations, un été très chaud, et un automne et un hiver beaucoup trop doux (2). Et quand on discute avec des scientifiques, il apparaît clairement que la fréquence de tels événements augmente. La Zugspitze (3), dont le glacier est en train de fondre, en offre une saisissante illustration : les enfants nés cette année ne pourront peut-être plus admirer ce phénomène naturel quand ils seront adolescents. Autre exemple : les vedettes de sauvetage qui croisent devant l'île de Helgoland (4) sont aujourd'hui deux fois plus longues qu'auparavant. En effet, les anciens bateaux, qui mesuraient « seulement » vingt mètres de long, n'étaient plus en mesure de résister aux vagues lors des tempêtes toujours plus violentes qui balaient la mer du Nord ! Dans la région de l'Uckermark (5), qui subit en ce moment une grande sécheresse, ce sont les chênes qui sont menacés. Bref, le changement climatique est une évolution globale qui a d'immenses conséquences sur tout l'environnement. Heureusement pour nous, l'Allemagne est moins concernée que bon nombre d'États insulaires, qui seront tout simplement submergés si le niveau de la mer monte, ou que l'Afrique, dont les sécheresses sont dévastatrices. Il n'en demeure pas moins qu'il faudrait être aveugle pour ne pas réagir. C'est pourquoi, face à ces scénarios, je veux prendre des précautions à l'échelle internationale.
P. I. - Dans ces conditions, peut-on dire que, en 2007, la politique environnementale est votre priorité ? 2007 est-elle une « année verte » ?
A. M. - Tout d'abord, je travaille à ce que cette année soit pour l'Allemagne une année de succès et de croissance économique soutenue. Je souhaite, dans le même temps, faire progresser la communauté mondiale vers une meilleure protection climatique. J'accorderai une importance particulière aux questions écologiques dans le cadre international. Cette préoccupation n'est pas nouvelle chez moi : n'oubliez pas que, il y a dix ans, à Berlin, j'ai dirigé, en tant que ministre de l'Environnement, la Conférence sur la protection du climat qui avait voté les accords précédant ceux de Kyoto (6).
P. I. - Concrètement, qu'entendez-vous par « accorder une importance particulière aux questions écologiques » ?
A. M. - Je voudrais faire en sorte que l'Europe continue de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Au sommet de Bruxelles des 8-9 mars dernier, nous avons élaboré une ligne commune pour les discussions sur l'accord qui succédera au …
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