Pressée de reconquérir son statut de grande puissance, la Russie de Vladimir Poutine cherche à réaffirmer sa présence dans l'espace post-soviétique. L'Asie centrale se trouve au coeur de cette nouvelle stratégie : disposant de marges de manoeuvre bien plus étroites que l'Ukraine, la Moldavie et le Caucase, les États centre-asiatiques sont favorables - parfois à contrecoeur - à ce nouveau leadership régional. Un leadership qui s'affirme tant sur le plan politique (soutien du Kremlin aux régimes en place, y compris les plus dictatoriaux) que stratégique (Organisation du traité de sécurité collective et Organisation de coopération de Shanghai) et économique (prise de contrôle des richesses du sous-sol par des firmes russes). Visiblement, Moscou entend rester maître des anciennes républiques et continuer à peser sur leur évolution. Après plusieurs années de rapprochement avec les États-Unis, la région retourne donc partiellement dans le giron russe et s'insère sur la scène internationale au sein d'un bloc « continental » centré sur le nouveau partenariat Russie-Chine.Le retour politique de la Russie : soutenir des États peu démocratiques
Dans les années 1990, l'Asie centrale ne fait pas partie des priorités politiques de la Russie. Moscou ne cherche guère, par exemple, à défendre l'importante minorité russe dans la région (près de 10 millions de personnes en 1989) et investit peu dans les structures de la « russophonie » (écoles, universités, médias, etc.), gage d'une certaine influence culturelle (1). Par le décret du 14 septembre 1995, la CEI est néanmoins déclarée « espace d'intérêt vital » pour la Russie, qui affirme disposer d'un droit de regard sur les frontières méridionales de l'ancienne Union soviétique. Sur le plan économique aussi, la Russie de Boris Eltsine s'efface progressivement et laisse émerger un espace dans lequel s'engouffrent les firmes occidentales, notamment américaines, ainsi que les nouveaux partenaires asiatiques et moyen-orientaux de l'Asie centrale (Turquie, Iran, Chine, etc.) (2). La Fédération se contente de rester présente sur le plan stratégique : location du site de la base spatiale de Baïkonour au Kazakhstan ; maintien de troupes russes au Kirghizstan et au Turkménistan le long des frontières avec la Chine, l'Afghanistan et l'Iran ; engagement militaire au Tadjikistan durant la guerre civile (1992-1997) et après les accords de paix de 1997 ; pression politique sur les nouveaux États afin qu'ils adhèrent au Traité de sécurité collective (TSC) de la CEI.
L'arrivée de Vladimir Poutine au poste de premier ministre à l'été 1999, puis de président en mars 2000, marque un tournant. Après le relâchement des années eltsiniennes, la « reprise en main » poutinienne annonce un rapprochement politique entre la Russie et l'Asie centrale. En novembre et décembre 1999, le nouvel homme fort du Kremlin se rend au Tadjikistan et en Ouzbékistan, puis visite de nouveau l'Ouzbékistan et le Turkménistan en mai 2000. Le 28 juin 2000, Vladimir Poutine définit les grandes lignes de sa politique étrangère. Priorité est donnée aux États de la CEI et au développement d'une diplomatie active vis-à-vis de partenaires asiatiques majeurs comme l'Inde, l'Iran et la Chine. Les …
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