Vladimir Poutine est arrivé au Kremlin de manière inattendue. Propulsé au poste de premier ministre par la deuxième guerre de Tchétchénie en août 1999, nommé président par intérim suite à la démission de Boris Eltsine à la fin de cette même année, il fut facilement élu en 2000 et réélu en 2004.Le bilan que l'on peut aujourd'hui dresser de son action est nécessairement incomplet puisque son second mandat ne prendra fin qu'en mars 2008. Et même si la Constitution lui interdit de se représenter cette année-là, il pourrait bien, pendant encore des années, continuer d'imprimer sa marque sur la vie politique russe d'une façon ou d'une autre. Mais pour être incomplet, ce bilan n'en existe pas moins.
La presse occidentale - en particulier en France, où l'homme fort de Moscou semble être devenu l'« homme que vous aimeriez haïr » pour de nombreux journalistes - le réduit à son passé d'officier du renseignement, à son rôle dans la deuxième guerre de Tchétchénie, à l'emprisonnement de Mikhaïl Khodorkovski et, enfin, à l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa. Mais un tel résumé néglige de nombreux éléments : Vladimir Poutine a quitté le KGB avant la fin de l'URSS pour entamer une carrière d'administrateur à Saint-Pétersbourg, au côté du très démocrate maire de la ville, Anatoli Sobtchak ; la deuxième guerre de Tchétchénie ne fut que la continuation de la première (1994-1996), dont Poutine ne peut en aucun cas porter la responsabilité (1) ; bien des oligarques auraient été mis en prison dans tout pays civilisé ; quant à l'élimination d'Anna Politkovskaïa, elle a sans doute plus à voir avec les rivalités au sein de l'administration pro-russe en Tchétchénie qu'avec Poutine lui-même, qui avait tout à perdre et rien à gagner à la disparition de la journaliste. Soit dit en passant, les assassinats de journalistes furent bien plus fréquents du temps de Boris Eltsine, spécialement entre 1994 et 1997. Ainsi, rien que pour l'année 1995, on estime que quarante-sept journalistes furent assassinés, dont un tiers dans des circonstances liées à la guerre en Tchétchénie.
Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : les Russes eux-mêmes ont une tout autre vision de leur président. Sa popularité - il est crédité dans les enquêtes d'opinion sérieuses de plus de 65 % d'opinions favorables - ne provient pas d'une couche sociale particulière, même si c'est parmi les jeunes que son image est la meilleure. Aux yeux de ses concitoyens, Vladimir Poutine a réalisé un sans-faute. Pour eux, il est l'homme de la reconstruction de l'État, du retour de la croissance et de l'émancipation du pays de la tutelle américaine. De ce point de vue - et bien plus que Boris Eltsine, dont le nom reste associé aux pires désordres économiques et politiques des années 1990 -, Poutine fait figure de père de la Russie moderne.
Ici aussi, les raccourcis ne manquent pas. La reconstruction de l'État fut, en réalité, entamée par Evgueni Primakov, premier ministre de septembre 1998 à mai 1999 (2) ; et l'actuel …
La presse occidentale - en particulier en France, où l'homme fort de Moscou semble être devenu l'« homme que vous aimeriez haïr » pour de nombreux journalistes - le réduit à son passé d'officier du renseignement, à son rôle dans la deuxième guerre de Tchétchénie, à l'emprisonnement de Mikhaïl Khodorkovski et, enfin, à l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa. Mais un tel résumé néglige de nombreux éléments : Vladimir Poutine a quitté le KGB avant la fin de l'URSS pour entamer une carrière d'administrateur à Saint-Pétersbourg, au côté du très démocrate maire de la ville, Anatoli Sobtchak ; la deuxième guerre de Tchétchénie ne fut que la continuation de la première (1994-1996), dont Poutine ne peut en aucun cas porter la responsabilité (1) ; bien des oligarques auraient été mis en prison dans tout pays civilisé ; quant à l'élimination d'Anna Politkovskaïa, elle a sans doute plus à voir avec les rivalités au sein de l'administration pro-russe en Tchétchénie qu'avec Poutine lui-même, qui avait tout à perdre et rien à gagner à la disparition de la journaliste. Soit dit en passant, les assassinats de journalistes furent bien plus fréquents du temps de Boris Eltsine, spécialement entre 1994 et 1997. Ainsi, rien que pour l'année 1995, on estime que quarante-sept journalistes furent assassinés, dont un tiers dans des circonstances liées à la guerre en Tchétchénie.
Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : les Russes eux-mêmes ont une tout autre vision de leur président. Sa popularité - il est crédité dans les enquêtes d'opinion sérieuses de plus de 65 % d'opinions favorables - ne provient pas d'une couche sociale particulière, même si c'est parmi les jeunes que son image est la meilleure. Aux yeux de ses concitoyens, Vladimir Poutine a réalisé un sans-faute. Pour eux, il est l'homme de la reconstruction de l'État, du retour de la croissance et de l'émancipation du pays de la tutelle américaine. De ce point de vue - et bien plus que Boris Eltsine, dont le nom reste associé aux pires désordres économiques et politiques des années 1990 -, Poutine fait figure de père de la Russie moderne.
Ici aussi, les raccourcis ne manquent pas. La reconstruction de l'État fut, en réalité, entamée par Evgueni Primakov, premier ministre de septembre 1998 à mai 1999 (2) ; et l'actuel …
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