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L'INTERMINABLE AGONIE DU CASTRISME

Combien de temps reste-t-il à vivre à Fidel Castro ? Des années, des mois, des semaines ? Les informations officielles en provenance de La Havane, qui font état du rétablissement imminent de cet homme âgé de quatre-vingts ans et victime, en août 2006, d'un sérieux accident de santé (une crise intestinale perçue par certains observateurs comme la manifestation d'un cancer), doivent, en tout cas, être prises avec des pincettes. La vérité sur la santé vacillante du numéro un cubain est, en effet, un secret des mieux gardés. Quoi qu'il en soit, à l'heure où ces lignes sont écrites, le Lider maximo est encore en vie... et incarne, peut-être pour la première fois depuis sa prise de pouvoir en 1959, la réalité de son pays, tant son affaiblissement physique semble faire écho à la dégradation de l'île sur laquelle il règne en maître depuis presque cinquante ans.Le « coma andante »
Le 31 juillet 2006, dans une « proclamation du commandant en chef au peuple de Cuba », Fidel Castro cédait, « à titre provisoire », ses innombrables fonctions officielles et les répartissait entre plusieurs hommes de confiance. Cette décision ne doit pas être comprise comme l'abandon, même temporaire, du statut qui est le sien depuis le début de la révolution : celui de chef incontesté. Même malade, même absent, le Lider maximo demeure le détenteur du sceptre symbolique. Le pouvoir, à Cuba, c'est lui. Ses ordres sont toujours exécutés et, dans son entourage, nul ne se risquerait à prendre une initiative susceptible de ne pas obtenir son aval.
On passera sur l'étrange auto-diagnostic du coryphée caraïbe de la science - la fatigue, le manque de sommeil, le stress, « tout cela, nous annonce-t-il tranquillement, a provoqué une crise intestinale aiguë » - pour en venir à un interminable feuilleton : celui de son éventuel retour officiel aux affaires, régulièrement promis et sans cesse différé depuis maintenant presque un an.
Le communiqué du 31 juillet prévoyait que le Sommet des non-alignés organisé à La Havane du 11 au 16 septembre serait tenu « avec un maximum d'éclat ». Mais Fidel Castro se contenta de recevoir dans sa chambre d'hôpital quelques personnalités étrangères, dont Kofi Annan, alors secrétaire général de l'ONU. Quant à la célébration de son anniversaire - il est né le 13 août -, elle fut repoussée au... 2 décembre. Mais, là non plus, le principal intéressé ne se joignit pas aux festivités.
Il fut encore absent le 1er mai 2007, malgré l'amélioration que semblaient refléter les derniers clichés de lui parus dans la presse et en dépit de l'annonce de son rétablissement, proclamé avec une mâle assurance par quelques chefs d'État amis comme Hugo Chavez ou Evo Morales.
Devant tant de rendez-vous décommandés, les images censées prouver sa bonne santé - comme celles qui le montrent, debout, serrant la main d'un visiteur chinois fin avril 2007 ou s'entretenant longuement de la riziculture vietnamienne avec un journaliste cubain le 5 juin 2007 - sont désormais accueillies avec un certain scepticisme. …