« Le premier ministre arrivera en costume-cravate ; nous supposons que le président fera de même. »Ce 30 juillet 2007, tel est le message que les responsables du protocole britannique font passer à la Maison-Blanche quelques heures avant la rencontre entre George Bush et Gordon Brown à Camp David - première entrevue entre les deux hommes depuis que Tony Blair a passé la main à son ancien ministre des Finances, le 26 juin.
Simple anecdote vestimentaire, mais anecdote hautement révélatrice. George Bush, en effet, avait pris d'autres habitudes avec Tony, son « ami », son « pote », comme il se plaisait à l'appeler. Lorsqu'ils apparaissaient devant la presse à Camp David, les deux dirigeants étaient toujours en jean, blouson ou bras de chemise. Une façon de signifier qu'ils passaient de bons moments ensemble.
Fin juillet, dans l'avion qui le conduit aux États-Unis, Gordon Brown insiste : ce sera en costume. La Maison-Blanche paraît étonnée mais finit par céder. « L'insistance de Brown était presque impolie », raconte un journaliste britannique qui se trouvait dans l'avion du premier ministre, « mais elle était délibérée : il voulait marquer une forme de rupture ».
Lors de la conférence de presse qui suit, le président américain semble d'ailleurs dérouté par la rigidité de son interlocuteur. « Les Américains étaient inquiets, étonnés par le manque de chaleur dans l'attitude de Brown », explique un proche du nouveau locataire du 10 Downing Street. « Nous avons eu une discussion franche », lâche Gordon Brown sur un ton glacial. Cette formule diplomatique laisse généralement entendre que les échanges ont été tendus. Un mois après son arrivée au pouvoir, le nouveau premier ministre britannique vient d'affirmer, costume-cravate à l'appui, que sa diplomatie et son style ne seront pas ceux de son prédécesseur.
Ce nouveau style et cette nouvelle diplomatie pourraient réserver quelques surprises. D'abord, parce que Gordon Brown reste un personnage très mystérieux. Il y a d'ailleurs là quelque paradoxe, puisque cet homme de 56 ans est au sommet de l'État depuis déjà dix ans. En sa qualité de chancelier de l'Échiquier (1), il est celui qui a tiré toutes les ficelles de l'économie britannique depuis l'accession de Tony Blair au pouvoir, avec des résultats impressionnants qui font de multiples envieux dans la zone euro. Minutieux, autoritaire, efficace - certains l'ont surnommé « Flash Gordon » -, ce bourreau de travail est de longue date le rival shakespearien de Tony Blair. Entre les deux hommes, l'amitié se mélange à la trahison. Brown, de deux ans l'aîné de Blair, s'est toujours considéré comme plus compétent que son cadet. Ce ténébreux Écossais au sourcil sévère a toujours souffert de s'être fait « passer devant » par le charismatique et pétillant député de Sedgefield. « On a l'impression que Brown est là depuis toujours et, en même temps, personne ne le connaît vraiment », explique Jonathan Fenby, éditorialiste au magazine The Economist. L'homme qui a réconcilié le Parti travailliste britannique avec l'économie de marché, l'homme qui, en coulisse, fut …
Simple anecdote vestimentaire, mais anecdote hautement révélatrice. George Bush, en effet, avait pris d'autres habitudes avec Tony, son « ami », son « pote », comme il se plaisait à l'appeler. Lorsqu'ils apparaissaient devant la presse à Camp David, les deux dirigeants étaient toujours en jean, blouson ou bras de chemise. Une façon de signifier qu'ils passaient de bons moments ensemble.
Fin juillet, dans l'avion qui le conduit aux États-Unis, Gordon Brown insiste : ce sera en costume. La Maison-Blanche paraît étonnée mais finit par céder. « L'insistance de Brown était presque impolie », raconte un journaliste britannique qui se trouvait dans l'avion du premier ministre, « mais elle était délibérée : il voulait marquer une forme de rupture ».
Lors de la conférence de presse qui suit, le président américain semble d'ailleurs dérouté par la rigidité de son interlocuteur. « Les Américains étaient inquiets, étonnés par le manque de chaleur dans l'attitude de Brown », explique un proche du nouveau locataire du 10 Downing Street. « Nous avons eu une discussion franche », lâche Gordon Brown sur un ton glacial. Cette formule diplomatique laisse généralement entendre que les échanges ont été tendus. Un mois après son arrivée au pouvoir, le nouveau premier ministre britannique vient d'affirmer, costume-cravate à l'appui, que sa diplomatie et son style ne seront pas ceux de son prédécesseur.
Ce nouveau style et cette nouvelle diplomatie pourraient réserver quelques surprises. D'abord, parce que Gordon Brown reste un personnage très mystérieux. Il y a d'ailleurs là quelque paradoxe, puisque cet homme de 56 ans est au sommet de l'État depuis déjà dix ans. En sa qualité de chancelier de l'Échiquier (1), il est celui qui a tiré toutes les ficelles de l'économie britannique depuis l'accession de Tony Blair au pouvoir, avec des résultats impressionnants qui font de multiples envieux dans la zone euro. Minutieux, autoritaire, efficace - certains l'ont surnommé « Flash Gordon » -, ce bourreau de travail est de longue date le rival shakespearien de Tony Blair. Entre les deux hommes, l'amitié se mélange à la trahison. Brown, de deux ans l'aîné de Blair, s'est toujours considéré comme plus compétent que son cadet. Ce ténébreux Écossais au sourcil sévère a toujours souffert de s'être fait « passer devant » par le charismatique et pétillant député de Sedgefield. « On a l'impression que Brown est là depuis toujours et, en même temps, personne ne le connaît vraiment », explique Jonathan Fenby, éditorialiste au magazine The Economist. L'homme qui a réconcilié le Parti travailliste britannique avec l'économie de marché, l'homme qui, en coulisse, fut …
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