Va-t-on en arriver à regretter la défunte Commission des droits de l'homme de l'ONU, qui avait sombré dans le discrédit après soixante années d'existence ? Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que le nouveau Conseil du même nom, qui lui a succédé depuis un peu plus d'un an et demi, est loin d'avoir répondu aux attentes placées en lui. À en juger par le déroulement chaotique de ses six premières sessions et compte tenu du laborieux accouchement de ses règles de fonctionnement, c'est à se demander si le remède n'est pas pire que le mal.La formule retenue le 15 mars 2006 lors de la création du nouvel organe par l'Assemblée générale de l'ONU était déjà en deçà du projet initial plus ambitieux de Kofi Annan, ce qui avait entraîné l'opposition des États-Unis - lesquels, d'ailleurs, s'en tiennent toujours à l'écart. Partant du constat que « la Commission des droits de l'homme est de moins en moins crédible et souffre de la baisse de son niveau de compétence professionnelle », le secrétaire général de l'époque avait insisté sur la nécessité de la « réformer entièrement » et de la remplacer par un Conseil des droits de l'homme (CDH) restreint aux structures plus solides.
Alors que la Commission dépendait du Conseil économique et social (Ecosoc), le Conseil, lui, a été promu au rang d'organe subsidiaire de l'Assemblée générale - et non pas d'organe principal de l'ONU comme l'avait d'abord envisagé Kofi Annan. Contrairement à ce que ce dernier avait également souhaité, ses membres sont élus à la majorité absolue et non à celle des deux tiers, plus contraignante. En revanche, la majorité des deux tiers est requise pour suspendre un membre qui commettrait de « grossières et systématiques violations des droits de l'homme ». Par rapport à la Commission, le nombre des membres a été réduit de cinquante-trois à quarante-sept, et non à une trentaine comme initialement suggéré, ce qui aurait permis de gagner en efficacité. Autre innovation : les candidats devaient prendre l'engagement de promouvoir et protéger les droits de l'homme et étaient censés respecter « les normes les plus élevées en la matière ».
Les premières craintes pour l'avenir sont apparues dès l'élection, le 9 mai 2006, du nouveau Conseil par l'Assemblée générale. Conscient de la difficulté de l'entreprise, Kofi Annan avait affirmé, à la veille du scrutin, que « les pays membres détermineraient si le Conseil représente une amélioration ou s'il se contente de poursuivre les pratiques de la Commission sous un nouveau nom ». Il ne croyait pas si bien dire. À voir la composition du nouvel organe, l'impression prévalait que rien n'avait vraiment changé. Comme naguère, tractations et marchandages ont présidé à l'élection des membres du CDH tandis que les solidarités régionales, politiques et religieuses prenaient le pas sur les belles promesses des candidats. Le système des quotas régionaux et du vote bloqué (treize postulants pour treize sièges réservés à l'Afrique, par exemple) a ainsi permis à des pays parmi les plus répressifs de la …
Alors que la Commission dépendait du Conseil économique et social (Ecosoc), le Conseil, lui, a été promu au rang d'organe subsidiaire de l'Assemblée générale - et non pas d'organe principal de l'ONU comme l'avait d'abord envisagé Kofi Annan. Contrairement à ce que ce dernier avait également souhaité, ses membres sont élus à la majorité absolue et non à celle des deux tiers, plus contraignante. En revanche, la majorité des deux tiers est requise pour suspendre un membre qui commettrait de « grossières et systématiques violations des droits de l'homme ». Par rapport à la Commission, le nombre des membres a été réduit de cinquante-trois à quarante-sept, et non à une trentaine comme initialement suggéré, ce qui aurait permis de gagner en efficacité. Autre innovation : les candidats devaient prendre l'engagement de promouvoir et protéger les droits de l'homme et étaient censés respecter « les normes les plus élevées en la matière ».
Les premières craintes pour l'avenir sont apparues dès l'élection, le 9 mai 2006, du nouveau Conseil par l'Assemblée générale. Conscient de la difficulté de l'entreprise, Kofi Annan avait affirmé, à la veille du scrutin, que « les pays membres détermineraient si le Conseil représente une amélioration ou s'il se contente de poursuivre les pratiques de la Commission sous un nouveau nom ». Il ne croyait pas si bien dire. À voir la composition du nouvel organe, l'impression prévalait que rien n'avait vraiment changé. Comme naguère, tractations et marchandages ont présidé à l'élection des membres du CDH tandis que les solidarités régionales, politiques et religieuses prenaient le pas sur les belles promesses des candidats. Le système des quotas régionaux et du vote bloqué (treize postulants pour treize sièges réservés à l'Afrique, par exemple) a ainsi permis à des pays parmi les plus répressifs de la …
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