La guerre et les occupations étrangères ont toujours été les ennemies de la civilisation, comme l'a malheureusement constaté l'humanité au cours de ces dernières décennies et comme on le constate encore chaque jour. Les créations du génie humain qui ont traversé les millénaires sans dommages finissent souvent par être détruites par la main même de l'homme. Dans cette brève note, nous présenterons deux sites particulièrement importants de la côte est de Chypre : les sites de l'ancienne Salamine et d'Enkomi, soumis à l'occupation turque depuis l'invasion de 1974. Le public français sera d'autant plus sensible à leur sort qu'ils sont, l'un et l'autre, étroitement liés à l'archéologie française.Enkomi, une ville de l'Âge du bronze récent
En 1934, une mission archéologique française dirigée parC.F.A. Schaeffer mettait au jour, sur la côte est de l'île, les premiers vestiges d'une grande ville de l'Âge du bronze récent, près du village d'Enkomi, au nord de Famagouste. Schaeffer a pu mener à bien la fouille systématique et extensive de cet important site entre 1946 et 1974, en collaboration, pour la période 1948-1958, avec l'archéologue chypriote Porphyrios Dikaios, alors conservateur du musée de Chypre.
La fouille d'Enkomi a été la première et la plus importante des fouilles françaises à Chypre. Elle a révélé les restes d'une ville entière avec ses murs cyclopéens, ses sanctuaires, ses palais et ses ateliers de travail du cuivre. Les découvertes de la fouille d'Enkomi ont considérablement élargi les horizons de l'archéologie chypriote et ont jeté une ample lumière sur les relations « internationales » de Chypre avec les autres pays de la Méditerranée, la côte syro-palestinienne et l'Égée. C'est à Enkomi qu'on a commencé à élucider l'énigme de la colonisation grecque de Chypre des xiie-xie siècles avant notre ère. Les somptueuses offrandes funéraires retrouvées dans les tombes (la nécropole d'Enkomi avait été fouillée précédemment, à la fin du xixe siècle, par une mission britannique et, dans les années 1930, par une mission suédoise) avaient déjà enrichi le musée de Chypre et le musée régional de Famagouste en trésors artistiques : vases mycéniens, bijoux d'or et d'argent, vases d'albâtre et de faïence et bien d'autres merveilles.
Les ruines d'Enkomi et les entrepôts du matériel étaient quotidiennement entretenus par une équipe de techniciens à demeure. Ce qui n'a pas empêché les chars d'assaut de l'armée turque, lancés à la conquête de Famagouste, de les ravager en 1974. Les entrepôts de la mission française furent en partie détruits. Le site est, depuis lors, abandonné et demeure inaccessible à ceux-là mêmes qui y travaillaient. De même, personne ne peut accéder aux réserves de la mission où était conservé le matériel archéologique récolté dans les fouilles. Le matériel qui avait été précédemment transféré au musée régional de Famagouste est également hors d'atteinte. Nous savons que ce musée a été pillé en 1974-1975 et que des objets précieux ont disparu. Un envoyé de l'Unesco qui l'a visité en 1974 a rédigé un rapport resté, jusqu'à ce jour, « confidentiel ».
Salamine, cité-royaume de Chypre
Salamine fut la …
En 1934, une mission archéologique française dirigée parC.F.A. Schaeffer mettait au jour, sur la côte est de l'île, les premiers vestiges d'une grande ville de l'Âge du bronze récent, près du village d'Enkomi, au nord de Famagouste. Schaeffer a pu mener à bien la fouille systématique et extensive de cet important site entre 1946 et 1974, en collaboration, pour la période 1948-1958, avec l'archéologue chypriote Porphyrios Dikaios, alors conservateur du musée de Chypre.
La fouille d'Enkomi a été la première et la plus importante des fouilles françaises à Chypre. Elle a révélé les restes d'une ville entière avec ses murs cyclopéens, ses sanctuaires, ses palais et ses ateliers de travail du cuivre. Les découvertes de la fouille d'Enkomi ont considérablement élargi les horizons de l'archéologie chypriote et ont jeté une ample lumière sur les relations « internationales » de Chypre avec les autres pays de la Méditerranée, la côte syro-palestinienne et l'Égée. C'est à Enkomi qu'on a commencé à élucider l'énigme de la colonisation grecque de Chypre des xiie-xie siècles avant notre ère. Les somptueuses offrandes funéraires retrouvées dans les tombes (la nécropole d'Enkomi avait été fouillée précédemment, à la fin du xixe siècle, par une mission britannique et, dans les années 1930, par une mission suédoise) avaient déjà enrichi le musée de Chypre et le musée régional de Famagouste en trésors artistiques : vases mycéniens, bijoux d'or et d'argent, vases d'albâtre et de faïence et bien d'autres merveilles.
Les ruines d'Enkomi et les entrepôts du matériel étaient quotidiennement entretenus par une équipe de techniciens à demeure. Ce qui n'a pas empêché les chars d'assaut de l'armée turque, lancés à la conquête de Famagouste, de les ravager en 1974. Les entrepôts de la mission française furent en partie détruits. Le site est, depuis lors, abandonné et demeure inaccessible à ceux-là mêmes qui y travaillaient. De même, personne ne peut accéder aux réserves de la mission où était conservé le matériel archéologique récolté dans les fouilles. Le matériel qui avait été précédemment transféré au musée régional de Famagouste est également hors d'atteinte. Nous savons que ce musée a été pillé en 1974-1975 et que des objets précieux ont disparu. Un envoyé de l'Unesco qui l'a visité en 1974 a rédigé un rapport resté, jusqu'à ce jour, « confidentiel ».
Salamine, cité-royaume de Chypre
Salamine fut la …
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