Les raisons du rejet du plan Annan
Le 24 avril 2004, le rejet du « plan Annan » par 75,83 % des Chypriotes grecs a plongé la plupart des observateurs internationaux dans la consternation. Les Nations unies et les États associés à la rédaction du plan n'avaient-ils pas présenté ce texte comme une « solution équilibrée » au conflit qui divisait l'île depuis trente ans ? N'avaient-ils pas expliqué inlassablement que son rejet aurait des « conséquences terribles » ? Et voilà que les intransigeants Chypriotes grecs votaient « non » au référendum ! La colère de la communauté internationale s'abattit alors sur ces réfractaires... mais personne ne critiqua les 64,91 % de Chypriotes turcs, parmi lesquels un certain nombre de colons turcs transférés à Chypre, qui s'étaient prononcés pour le « oui ». Or le rejet des Chypriotes grecs et l'acceptation des Chypriotes turcs révèlent une réalité toute simple : le plan Annan satisfaisait largement les exigences des seconds et négligeait les revendications des premiers.Les pays membres de l'Union européenne furent particulièrement atterrés : la non-résolution du problème chypriote allait mobiliser pendant encore des années les instances de l'UE... et compliquer davantage l'éventuelle entrée de la Turquie dans l'Union.
Voilà donc plus de trois ans et demi que la République de Chypre s'efforce inlassablement de dissiper ces perceptions négatives de la conduite des Chypriotes grecs. Une tâche difficile pour un petit État que l'on accuse d'avoir rejeté des compromis raisonnables... compromis dont on prétend que ses dirigeants les avaient acceptés.
Quelle Chypre le plan Annan aurait-il créée ?
Un État faible
Le problème, c'est que cette vision des choses est basée sur une perception incomplète et inexacte de ce plan, sur un manque de compréhension des effets qu'il aurait eus s'il avait été appliqué, sur une absence de sensibilité concernant ses conséquences sur un peuple blessé et, en même temps, fier et résolu à ne pas se laisser imposer de diktats impérialistes par des puissances étrangères soucieuses uniquement de leur propre intérêt.
Certes, les électeurs ont admis que ce plan comportait des aspects positifs ; c'est pourquoi 24,16 % des Chypriotes grecs ont voté en faveur du texte. Ces électeurs ont considéré qu'ils n'obtiendraient pas de meilleure offre ; ils ont espéré que l'adoption du plan conduirait rapidement à l'évacuation d'une bonne partie des troupes turques stationnées dans le nord de l'île ; ils ont cru les représentants de l'ONU qui promettaient que près de la moitié des réfugiés chypriotes grecs (des « personnes déplacées » pour employer le langage du HCR) pourraient après quelque temps revenir dans leurs maisons ; ils ont escompté qu'un tiers des terres appartenant aux Chypriotes grecs seraient finalement rendues à leurs propriétaires et que les propriétaires des deux tiers restants obtiendraient des compensations financières ; ils ont anticipé le développement économique que le pays devait connaître une fois le conflit apaisé ; ils ont pensé que certains des colons turcs seraient rapatriés et que toute immigration ultérieure en provenance de Turquie serait strictement …
Le 24 avril 2004, le rejet du « plan Annan » par 75,83 % des Chypriotes grecs a plongé la plupart des observateurs internationaux dans la consternation. Les Nations unies et les États associés à la rédaction du plan n'avaient-ils pas présenté ce texte comme une « solution équilibrée » au conflit qui divisait l'île depuis trente ans ? N'avaient-ils pas expliqué inlassablement que son rejet aurait des « conséquences terribles » ? Et voilà que les intransigeants Chypriotes grecs votaient « non » au référendum ! La colère de la communauté internationale s'abattit alors sur ces réfractaires... mais personne ne critiqua les 64,91 % de Chypriotes turcs, parmi lesquels un certain nombre de colons turcs transférés à Chypre, qui s'étaient prononcés pour le « oui ». Or le rejet des Chypriotes grecs et l'acceptation des Chypriotes turcs révèlent une réalité toute simple : le plan Annan satisfaisait largement les exigences des seconds et négligeait les revendications des premiers.Les pays membres de l'Union européenne furent particulièrement atterrés : la non-résolution du problème chypriote allait mobiliser pendant encore des années les instances de l'UE... et compliquer davantage l'éventuelle entrée de la Turquie dans l'Union.
Voilà donc plus de trois ans et demi que la République de Chypre s'efforce inlassablement de dissiper ces perceptions négatives de la conduite des Chypriotes grecs. Une tâche difficile pour un petit État que l'on accuse d'avoir rejeté des compromis raisonnables... compromis dont on prétend que ses dirigeants les avaient acceptés.
Quelle Chypre le plan Annan aurait-il créée ?
Un État faible
Le problème, c'est que cette vision des choses est basée sur une perception incomplète et inexacte de ce plan, sur un manque de compréhension des effets qu'il aurait eus s'il avait été appliqué, sur une absence de sensibilité concernant ses conséquences sur un peuple blessé et, en même temps, fier et résolu à ne pas se laisser imposer de diktats impérialistes par des puissances étrangères soucieuses uniquement de leur propre intérêt.
Certes, les électeurs ont admis que ce plan comportait des aspects positifs ; c'est pourquoi 24,16 % des Chypriotes grecs ont voté en faveur du texte. Ces électeurs ont considéré qu'ils n'obtiendraient pas de meilleure offre ; ils ont espéré que l'adoption du plan conduirait rapidement à l'évacuation d'une bonne partie des troupes turques stationnées dans le nord de l'île ; ils ont cru les représentants de l'ONU qui promettaient que près de la moitié des réfugiés chypriotes grecs (des « personnes déplacées » pour employer le langage du HCR) pourraient après quelque temps revenir dans leurs maisons ; ils ont escompté qu'un tiers des terres appartenant aux Chypriotes grecs seraient finalement rendues à leurs propriétaires et que les propriétaires des deux tiers restants obtiendraient des compensations financières ; ils ont anticipé le développement économique que le pays devait connaître une fois le conflit apaisé ; ils ont pensé que certains des colons turcs seraient rapatriés et que toute immigration ultérieure en provenance de Turquie serait strictement …
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