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CHYPRE ET LA PRATIQUE EUROPEENNE

Le passage du statut de pays tiers à celui d'État membre de l'Union européenne s'effectue souvent au terme d'une longue évolution. Chypre s'est engagée dans cette voie avec le régime d'association adopté au début des années 1970. Avant l'adhésion pleine et entière, en 2004, elle a accédé à l'union douanière (à partir de 1987) puis à la condition parfois incertaine de pays candidat, contraint d'absorber à marche forcée les 80 000 pages de l'acquis communautaire.En tant qu'État membre de plein exercice (et membre de l'union monétaire depuis janvier 2008), Chypre expérimente depuis le 1er mai 2004 avec les neuf autres adhérents un nouveau cadre de droits et d'obligations qui lui permet de participer à la prise de décisions en matière de politiques communes. Elle doit aussi redéfinir ses relations avec les pays voisins, qui ont conservé un statut de pays associé. Cette situation comporte, pour le nouvel adhérent comme pour l'Union, de nombreux avantages et, parfois, quelques inconvénients, que nous allons tenter d'esquisser ici.
Pour dresser ce premier bilan, trois ans et demi après l'adhésion, nous avons centré l'analyse sur les questions géopolitiques et sur des actions communes au regard desquelles la situation de Chypre présente des particularités : les transports, l'environnement, la cohésion territoriale et la politique européenne de sécurité et de défense (PESD).
Géopolitique de l'adhésion
En 2004, l'adhésion de Chypre (et de Malte) est passée relativement inaperçue. Elle a, en effet, été réalisée dans le cadre du grand élargissement aux pays d'Europe centrale, qui a porté le nombre d'États membres de l'UE de 15 à 25, puis à 27 avec l'admission de la Bulgarie et de la Roumanie le 1er janvier 2007.
La dynamique de l'élargissement
Vue de Bruxelles, la dynamique de l'élargissement est devenue depuis le milieu des années 1990 un processus continu qui atteste du succès de l'Union. Au moment de la signature du traité de Rome, 6 pays seulement avaient accepté de former la CEE. Les nouvelles adhésions ont longtemps été perçues comme une preuve de la pertinence de la construction européenne. En fait, l'extension de l'UE a coïncidé avec celle de la démocratie. Tout État venu ou revenu à la démocratie qui désirait adhérer a été autorisé à le faire, pour autant qu'il acceptait de se conformer à la législation communautaire. A priori, l'arrivée d'un nouveau membre, quelles que soient sa taille et sa position géographique, ne présentait que des avantages : ouverture d'un nouveau marché ; renforcement du poids de la Communauté par rapport à ses partenaires commerciaux ; cohérence accrue du marché européen ; solidarité plus forte du groupe des démocraties.
Les limites de l'Union approchant à présent de celles du continent, on commence à se poser la question d'une autre manière : comment concilier le souhait d'adhésion d'un nouveau groupe de candidats et la « capacité d'absorption » de l'Union ? Sur ce point, aucune doctrine claire n'a été formulée : s'il existe des critères et une méthode d'adhésion, personne ne sait ce qu'il faudrait répondre à un candidat satisfaisant …