Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les voix de l'histoire, de la raison et de la nécessité ont appelé l'Europe et ses hommes à surmonter leurs antagonismes et à s'engager, dans un esprit créatif, sur les chemins de la paix, de l'unité et de la coopération. En même temps, elles les ont appelés à concevoir un nouveau modèle : celui de l'unification démocratique par le libre consentement des nations. Cette unification s'opère sur la base de quatre principes fondamentaux : liberté, démocratie, respect des droits de l'homme et état de droit, le tout dans le respect du pluralisme culturel. Car loin de constituer un obstacle ou un inconvénient, les différences de culture sont, au contraire, une immense source de richesse.
Le droit européen et les institutions de l'UE composent un ensemble de protections très solide pour les communautés nationales et les diverses minorités. Pourquoi ce cadre européen, avec ses principes, ses valeurs et ses garanties, ne pourrait-il pas servir de base à une solution juste et viable au problème de Chypre ? La question est légitime. Après tout, les Européens considèrent l'acquis communautaire comme suffisant pour assurer la garantie de leurs droits et de leurs intérêts, aussi bien individuels que collectifs. La communauté chypriote turque, qui représente 18 % de la population de Chypre, pourrait, elle aussi, s'en satisfaire. Cela serait très facile si le problème de Chypre se résumait réellement à un différend entre deux communautés, comme la Turquie voudrait le faire croire. Mais le fond du problème est tout autre : en réalité, Ankara nourrit à l'encontre de Chypre des visées d'ordre stratégique et géopolitique. Ces visées se traduisent par :
- l'occupation, depuis 1974, de 36,4 % du territoire de Chypre et la présence sur l'île de 43 000 soldats turcs ;
- la colonisation systématique de la partie occupée de Chypre afin de modifier la structure démographique de l'île. Ces colons, …