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CHYPRE ET L'EXEMPLE EUROPEEN

Chypre n'a pas fait le choix de rejoindre l'Union européenne pour consolider son développement économique. Elle avait déjà atteint, au moment de son adhésion, un niveau de développement et de qualité de vie relativement élevé, qui fait d'elle un contributeur net au budget de l'UE. Chypre a adhéré à l'UE pour des raisons politiques et culturelles évidentes. Frontière de l'Europe à l'extrémité de la Méditerranée du Sud-Est, « source même de la culture et de la civilisation européennes », comme l'a souligné la Commission de Bruxelles, elle ne pouvait pas rester à l'écart du processus d'unification du continent. Envahie par la Turquie en 1974, occupée sur plus d'un tiers de son territoire, confrontée à des violations massives des droits de l'homme, au pillage de son patrimoine culturel, à l'implantation de centaines de milliers de colons turcs dans la partie nord, l'île vit sous la menace permanente d'une armée turque forte de 43 000 hommes. Il était donc naturel qu'elle se tournât vers l'Union européenne - un exemple unique d'unification pacifique d'un continent au terme d'un processus démocratique.L'exemple européen, base d'une solution au problème chypriote
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les voix de l'histoire, de la raison et de la nécessité ont appelé l'Europe et ses hommes à surmonter leurs antagonismes et à s'engager, dans un esprit créatif, sur les chemins de la paix, de l'unité et de la coopération. En même temps, elles les ont appelés à concevoir un nouveau modèle : celui de l'unification démocratique par le libre consentement des nations. Cette unification s'opère sur la base de quatre principes fondamentaux : liberté, démocratie, respect des droits de l'homme et état de droit, le tout dans le respect du pluralisme culturel. Car loin de constituer un obstacle ou un inconvénient, les différences de culture sont, au contraire, une immense source de richesse.
Le droit européen et les institutions de l'UE composent un ensemble de protections très solide pour les communautés nationales et les diverses minorités. Pourquoi ce cadre européen, avec ses principes, ses valeurs et ses garanties, ne pourrait-il pas servir de base à une solution juste et viable au problème de Chypre ? La question est légitime. Après tout, les Européens considèrent l'acquis communautaire comme suffisant pour assurer la garantie de leurs droits et de leurs intérêts, aussi bien individuels que collectifs. La communauté chypriote turque, qui représente 18 % de la population de Chypre, pourrait, elle aussi, s'en satisfaire. Cela serait très facile si le problème de Chypre se résumait réellement à un différend entre deux communautés, comme la Turquie voudrait le faire croire. Mais le fond du problème est tout autre : en réalité, Ankara nourrit à l'encontre de Chypre des visées d'ordre stratégique et géopolitique. Ces visées se traduisent par :
- l'occupation, depuis 1974, de 36,4 % du territoire de Chypre et la présence sur l'île de 43 000 soldats turcs ;
- la colonisation systématique de la partie occupée de Chypre afin de modifier la structure démographique de l'île. Ces colons, …