Les Grands de ce monde s'expriment dans

DAMAS: UN REGIME INOXYDABLE?

Curieuse fin d'année 2007 pour le régime syrien ! Après une longue mise au ban des nations de la part de l'Occident, voilà qu'il était brusquement sollicité à la fois par la France, désireuse de le voir contribuer à l'apaisement au Liban, et par les États-Unis, qui l'ont invité à la réunion d'Annapolis pour la relance du processus de paix israélo-palestinien. Un retournement d'autant plus imprévisible que, en septembre dernier, un raid aérien israélien visant un site militaire situé près de la ville syrienne de Deir Ez-Zohor et, surtout, le mutisme des autorités de Damas à propos de ce bombardement, avaient alimenté toutes les rumeurs. Quelle était la cible des avions israéliens ? Un site nucléaire en construction ? Des installations d'assemblage de « bombes sales » ? En tout cas, moins de deux mois après sa réélection par référendum (avec 97,62 % de « oui ») pour un deuxième mandat de président, Bachar el-Assad apparaissait une nouvelle fois en mauvaise posture - avant que les circonstances ne favorisent une reprise de contact avec Paris et Washington. En 2004, le président syrien avait déjà fait mentir les Cassandres qui annonçaient sa chute imminente. Largement sous-estimé à ses débuts, en 2000, le « lionceau » a fait la preuve de sa capacité de survie...Une succession réussie
Bachar, dauphin malgré lui
Aucun système politique ne sort indemne d'un règne de trente ans. La mort de Hafez el-Assad, le 10 juin 2000, a constitué une redoutable épreuve pour les mécanismes mis en place au cours de trois décennies d'un pouvoir, certes, sans partage mais qui avait connu des heures critiques. C'est d'ailleurs après une tentative avortée de coup d'État de son propre frère, Rifaat, qui avait profité de l'hospitalisation du maître de Damas en 1983, que ce dernier avait organisé l'ascension de son fils aîné, Basel, dans la carrière militaire. Basel disparu dans un accident de voiture en 1994, il se tourna vers son fils cadet.
Bachar, qui poursuivait dans le plus grand anonymat des études d'ophtalmologie à Londres, fut donc réorienté à marche forcée vers le pouvoir. Par nature, Hafez el-Assad aimait plutôt donner du temps au temps. Sur les pare-brises syriens constellés d'autocollants, cette propension à inscrire son action dans la durée se traduisit longtemps par une étonnante trinité : le père y était accompagné de ses deux premiers fils, le disparu et l'intronisé, c'est-à-dire le passé et l'avenir. À la mort de Basel, il n'eut cependant d'autre choix que d'agir dans l'urgence. Malade, le président syrien savait que ses jours étaient fatalement comptés. Son dauphin n'a donc pas pu suivre le cursus militaire approprié qui lui aurait permis de constituer sa propre légitimité et une ébauche de réseaux. C'est privé de ces atouts que Bachar el-Assad a usé, du vivant de son père, de la carte classique des successions dynastiques : celle de la combinaison de la réforme et de la modernisation. Le « docteur » Bachar a joué ce rôle de « rénovateur dans la continuité », profitant du …