Six ans après le conflit armé qui a failli la détruire au printemps et à l'été 2001, la Macédoine poursuit de profondes réformes qui doivent aboutir à l'instauration d'une pleine égalité entre les différentes communautés nationales de ce petit pays de deux millions d'habitants situé entre la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et l'Albanie. Officiellement candidate à l'Union européenne depuis décembre 2005, la Macédoine a fait, ces dernières années, d'indéniables progrès politiques ; mais sa nouvelle stabilité demeure fragile et pourrait ne pas résister à une crise majeure dans le Kosovo voisin.Depuis son accession à l'indépendance, en 1991, l'ancienne république yougoslave a dû survivre dans un environnement régional particulièrement défavorable. Elle a, d'abord, subi l'hostilité de la Grèce. Celle-ci refusait qu'un État puisse porter le nom de « Macédoine » qui, selon Athènes, appartiendrait de manière exclusive au patrimoine hellénique. Au début des années 1990, la question macédonienne a suscité un fort raidissement nationaliste en Grèce, où d'immenses manifestations ont été organisées, notamment à Thessalonique, capitale de la région grecque de Macédoine. Athènes a même imposé, jusqu'en 1995, un embargo unilatéral à la Macédoine.
Par surcroît, la jeune république indépendante a subi de plein fouet les conséquences des sanctions internationales décrétées en 1992 contre la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) qui était, et de loin, son principal partenaire commercial. Dans ces circonstances difficiles, l'économie macédonienne s'est effondrée. Le pays, à vocation essentiellement agricole, figurait déjà parmi les républiques pauvres de l'ancienne Yougoslavie. Quand il s'est retrouvé isolé, seuls les trafics ont pu se développer. Du coup, de puissants réseaux criminels s'y sont implantés durablement.
Les relations avec la Bulgarie n'ont jamais été sereines. Aux yeux de Sofia, les Macédoniens ne seraient que des Bulgares occidentaux. Dans cette logique, la Bulgarie a reconnu l'État de Macédoine dès son accession à l'indépendance, mais a refusé de reconnaître la nation et la langue macédoniennes (on parlait parfois à Sofia de « deux États, une seule nation », sur le modèle des deux Allemagnes ou des deux Corées). Ce n'est qu'en 1999 que la Bulgarie a, de facto, reconnu que la langue parlée en Macédoine était distincte du bulgare (1).
Cette fragile Macédoine faillit sombrer en 2001. Dans les années 1990, des attentats sporadiques avaient déjà été revendiqués par des mouvements clandestins albanais. En 1998-1999, la guerre du Kosovo et l'afflux de près de 400 000 réfugiés albanais en Macédoine durant les bombardements de l'Otan (mars-juin 1999) avaient menacé la stabilité de l'État, mais la collaboration entre les partis politiques albanais et macédoniens permit d'éviter une crise majeure. L'apparition de l'Armée de libération nationale (Ushtria Clirimtare kombëtare, UCK - nous utiliserons ici le sigle UCK-M pour distinguer cette guérilla de l'UCK du Kosovo) changea la donne. En quelques semaines, au printemps 2001, les combats se généralisèrent dans tout le quart nord-ouest du pays, frontalier avec le Kosovo, où se concentre la minorité albanaise.
Cette « drôle de guerre », dernier en date des conflits yougoslaves, se solda par un bilan contrasté : « seulement » …
Par surcroît, la jeune république indépendante a subi de plein fouet les conséquences des sanctions internationales décrétées en 1992 contre la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) qui était, et de loin, son principal partenaire commercial. Dans ces circonstances difficiles, l'économie macédonienne s'est effondrée. Le pays, à vocation essentiellement agricole, figurait déjà parmi les républiques pauvres de l'ancienne Yougoslavie. Quand il s'est retrouvé isolé, seuls les trafics ont pu se développer. Du coup, de puissants réseaux criminels s'y sont implantés durablement.
Les relations avec la Bulgarie n'ont jamais été sereines. Aux yeux de Sofia, les Macédoniens ne seraient que des Bulgares occidentaux. Dans cette logique, la Bulgarie a reconnu l'État de Macédoine dès son accession à l'indépendance, mais a refusé de reconnaître la nation et la langue macédoniennes (on parlait parfois à Sofia de « deux États, une seule nation », sur le modèle des deux Allemagnes ou des deux Corées). Ce n'est qu'en 1999 que la Bulgarie a, de facto, reconnu que la langue parlée en Macédoine était distincte du bulgare (1).
Cette fragile Macédoine faillit sombrer en 2001. Dans les années 1990, des attentats sporadiques avaient déjà été revendiqués par des mouvements clandestins albanais. En 1998-1999, la guerre du Kosovo et l'afflux de près de 400 000 réfugiés albanais en Macédoine durant les bombardements de l'Otan (mars-juin 1999) avaient menacé la stabilité de l'État, mais la collaboration entre les partis politiques albanais et macédoniens permit d'éviter une crise majeure. L'apparition de l'Armée de libération nationale (Ushtria Clirimtare kombëtare, UCK - nous utiliserons ici le sigle UCK-M pour distinguer cette guérilla de l'UCK du Kosovo) changea la donne. En quelques semaines, au printemps 2001, les combats se généralisèrent dans tout le quart nord-ouest du pays, frontalier avec le Kosovo, où se concentre la minorité albanaise.
Cette « drôle de guerre », dernier en date des conflits yougoslaves, se solda par un bilan contrasté : « seulement » …
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