Alexandre Del Valle et Jean Catsiapis - Monsieur le Président, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle du 17 février (1), vous restez favori dans les sondages. Pensez-vous que votre popularité ait été renforcée du fait que vous avez refusé le plan Annan (2) ?
Tassos Papadopoulos - Les gens ont, à mon avis, une vision plus globale du bilan de notre gouvernement ; ils ne se limitent pas au plan Annan. En matière économique et sociale, nous avons fait du bon travail. Notre programme électoral a été réalisé à 90 %. À ma connaissance, peu de gouvernements peuvent se vanter d'aussi bons résultats. Si 10 % de nos promesses n'ont pas été tenues, c'est parce que leur mise en oeuvre ne dépendait pas exclusivement de nous. Par exemple, nous souhaitions sensibiliser la population aux dangers de la route afin de limiter le nombre d'accidents de la circulation : c'est le genre de chose que le gouvernement ne peut pas faire tout seul car, pour cela, il faut changer la mentalité des gens. Mais, dans d'autres domaines, nos performances sont excellentes.
Pour en revenir au référendum, non seulement j'étais en droit de m'exprimer sur la question mais, en tant que négociateur pour la communauté chypriote grecque, c'était même mon devoir. Je me devais de dire au peuple ce que je pensais des négociations qui avaient mené au plan Annan. Comme vous le savez, j'y étais fortement opposé. Le fait que 76 % des Chypriotes grecs aient choisi de soutenir ma position n'a aucun rapport avec ma propre personne ou mon parti. Il se trouve que mon point de vue coïncidait avec celui de la majorité des Chypriotes.
A. D. V. et J. C. - Si ce référendum avait lieu aujourd'hui, pensez-vous qu'il recueillerait à nouveau 76 % de " non " ?
T. P. - Si le plan était soumis à un référendum aujourd'hui, il serait l'objet d'un rejet encore plus massif. Cela ne signifie pas, bien entendu, que tous les partisans du " non " sont prêts à voter pour moi. S'il en était ainsi, il serait inutile de faire campagne !
A. D. V. et J. C. - Les deux principaux partis politiques de Grèce (le PASOK et la Nouvelle Démocratie) étaient favorables au plan Annan. Le peuple grec, lui, était contre - tout comme les Chypriotes grecs, qui l'ont rejeté. Comment expliquez-vous ce décalage entre la classe politique grecque et l'opinion publique ?
T. P. - Tout d'abord, il ne s'agissait pas seulement des deux partis que vous avez mentionnés. Cinq partis parlementaires avaient pris position sur le plan Annan. Ils le soutenaient tous avec plus ou moins d'intensité, à l'exception du parti communiste. Mais tous étaient d'accord pour " respecter la décision du peuple chypriote ". C'est par ces mots qu'ils avaient pris soin de conclure leur déclaration. Aussi, le lendemain du référendum, j'ai téléphoné à chacun des chefs des quatre partis, et je leur ai dit : " De votre déclaration, je ne …
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