Les Grands de ce monde s'expriment dans

UN PATRIMOINE CULTURELEN PERIL

On dit que le métier de pilleur de tombes est le deuxième plus vieux métier du monde. Dès que l'homme a atteint un certain degré de civilisation, il a commencé à dévaliser les sépultures et à dérober les biens d'autrui. Les Grecs ont pillé les tombes égyptiennes, les Romains les chambres mortuaires des Grecs, Byzance a été ravagée par des hordes rivales tandis que les Mongols ont détruit Bagdad. Les pilleurs de tombes ont fait feu de tout bois - guerres, catastrophes naturelles ou troubles politiques - pour exercer leurs talents sur une grande échelle. Au cours des derniers siècles, les pays culturellement déshérités ont pillé les pays richement dotés en la matière, d'autant plus facilement que ces derniers étaient soumis à la férule coloniale ou qu'ils s'en étaient tout juste débarrassés. Les trésors artistiques de l'Antiquité, du Moyen Âge et même de l'époque moderne sont devenus des biens marchands, les musées, les institutions et les particuliers se battant pour dénicher l'objet qui viendrait enrichir leurs collections.La fin de l'impunité
Mais, depuis quelques décennies, les mentalités ont évolué. Les collectionneurs sont invités à freiner leur frénésie d'achat et à acquérir des pièces dont la provenance est établie plutôt que des articles non identifiés. La tradition qui voulait, dans le métier,qu'on ne se pose pas trop de questions et qu'on plaide la bonne foi, en toutes circonstances, n'a plus cours.
Les musées et les collectionneurs du monde entier doivent désormais rendre des comptes sur les objets suspects en leur possession. Le 1er août 2007, le musée Getty de Los Angeles a accepté de restituer à l'Italie quarante objets, dont une statue d'Aphrodite du ve siècle avant J.-C., subtilisée dans l'ancienne cité de Morgantina en Sicile. Cet accord de restitution était le troisième du genre entre un grand musée américain et un pays au riche patrimoine artistique depuis le début de l'année 2007. Le Metropolitan Museum de New York et le Museum of Fine Arts de Boston sont, eux aussi, disposés à rendre à l'Italie des pièces uniques de leurs collections en échange du prêt d'oeuvres d'art de qualité comparable. Marion True, ancienne conservatrice du musée Getty, passe actuellement en jugement à Rome pour avoir acquis des antiquités d'origine douteuse auprès d'un marchand nommé Robert Hecht, lui aussi poursuivi. Son principal fournisseur, Giacomo Medici, a fait appel de sa condamnation. Le général Giovanni Nistri, le chef de la brigade de police italienne chargée des trafics d'oeuvres d'art, a déclaré qu'en 2006 ses officiers n'avaient découvert que quarante chantiers de fouilles illégaux contre 1 000 les années précédentes. Au début de 2007, la police espagnole a arrêté cinquante-deux personnes soupçonnées d'avoir dérobé 300 000 objets récemment mis au jour en Andalousie. En juillet, la Grèce a annoncé qu'elle allait se doter d'un arsenal législatif pour lutter contre les vols de biens culturels et mettre en place, au sein du ministère de la Culture, un département spécial chargé de localiser et de rapatrier les objets volés.
Chypre, paradis des pilleurs
La lutte contre le …