Vis-à-vis de ceux qui se risqueraient à relever le caractère outrancier de telles assertions, certains ne manqueraient pas de se demander benoîtement s'il est encore permis de critiquer Israël (1) ou de spéculer sur l'influence prétendument exorbitante du lobby juif sur la politique extérieure des grandes puissances (2). Tout en faisant valoir, s'il en était besoin, qu'après tout l'État hébreu est un État comme les autres.
Un État vraiment comme les autres ? L'interrogation mérite sérieusement d'être soulevée tant il est vrai qu'à l'heure actuelle Israël est probablement le seul État de la planète dont l'existence même, qui résulte pourtant directement d'une résolution des Nations unies (la résolution 181 du 29 novembre 1947), fait l'objet de tentatives récurrentes de délégitimation. En un temps où des comportements de coercition - même insupportables - ne suffisent plus à reléguer un État au ban de la communauté internationale, l'accusation d'illégitimité revêt une dimension fondamentale. Dans le cas d'Israël, après avoir été longtemps assise sur l'argument des « territoires occupés », une telle accusation renvoie désormais ouvertement à ses origines étatiques. De là résulte un faisceau de mythes négatifs entourant la naissance de l'État hébreu - des mythes qui émanent aussi bien des « nouveaux historiens » israéliens que des adversaires classiques du sionisme, arabes ou européens.
La délégitimation tirée de la négation historique
Les pays arabes furent historiquement les premiers à dénier à Israël toute espèce de légitimité étatique. Avant la Seconde Guerre mondiale, leur argumentation était déjà assez simple : le sionisme est une idéologie d'origine européenne et, en tant que telle, étrangère par essence à la Palestine. D'ailleurs, et non sans ironie avec le …