José Manuel Durao Barroso, à bientôt 53 ans, brigue ouvertement un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne. Ministre portugais des Affaires étrangères de 1991 à 1995, premier ministre de son pays de 2002 à 2004, ce libéral de centre droit qui se dit « modéré, réformateur et anti-étatiste » occupe le poste de président de l'exécutif bruxellois depuis la fin 2004. Ses ennemis parlent de lui comme d'un caméléon sans ligne politique claire. Ses partisans vantent, au contraire, son espritde consensus et sa vision stratégique. Affable, polyglotte et travailleur, il réussit le tour de force de bien s'entendre avec des personnalités aussi contrastées que Nicolas Sarkozy, Angela Merkel ou Gordon Brown. La crise économique et financière menace-t-elle les fondements de l'Union européenne ? À quelles conditions la voix de l'Europe se ferait-elle mieux entendre dans le monde ? Quelles surprises Barack Obama réserve-t-il à ses alliés du Vieux Continent ? À ces questions, et à bien d'autres encore, M. Barroso répond sans détour. En exclusivité pour Politique Internationale.
B. B. Baudouin Bollaert - Barack Obama a pris ses fonctions fin janvier. Que pensez-vous du nouveau président américain ?
José Manuel Barroso - Lors de notre premier entretien téléphonique, il m'a déclaré être « un fervent partisan de l'intégration européenne » ! Des paroles très aimables, vous en conviendrez... Le président Obama m'a également félicité pour le rôle moteur joué par l'Union en général et la Commission en particulier dans la lutte contre le changement climatique. Sa priorité sera justement de travailler sur le climat et l'énergie avec nous. Notre premier contact a donc été très cordial. Mais il demande, bien sûr, à être approfondi.
B. B. - Et l'homme, comment vous apparaît-il ? L'«Obamania » peut-elle durer ?
J. M. B. - Nous sommes devant un véritable cas de leadership charismatique. Je le dis en pesant mes mots car, aujourd'hui, on utilise le mot « charisme » d'une façon qui ne correspond pas toujours à la bonne définition. Barack Obama est doté d'un pouvoir d'attraction qui va bien au-delà d'une bonne communication ou d'un bon marketing. Il suscite d'emblée l'adhésion. Son aura personnelle donne envie aux gens de le suivre. Je vous parle ici à titre personnel, comme quelqu'un qui analyse depuis longtemps la sphère politique et connaît les principaux dirigeants de la planète. L'avènement de Barack Obama constitue une réelle occasion pour l'Amérique et pour les autres pays. Une page a été tournée aux États-Unis avec son élection à la Maison Blanche. Une page va peut-être aussi se tourner pour le reste du monde...
B. B. - Le président Obama n'incarne-t-il pas une nouvelle génération de dirigeants américains largement déconnectés des influences et des préoccupations européennes ?
J. M. B. - L'important est qu'il soit, de par ses origines, sa vie et ses études, ouvert sur le monde. Je serais inquiet s'il avait une vision nationaliste ou chauvine des choses... Comme vous le savez, l'isolationnisme a une longue tradition chez les Américains. La mondialisation a d'ailleurs renforcé aux États-Unis, comme dans un certain nombre de pays, la tendance au repli sur soi. Mais Barack Obama n'est pas isolationniste. Il n'appartient pas à ce courant de pensée. Son ouverture sur le monde lui désigne obligatoirement l'Europe comme un partenaire privilégié. Et, quand il me dit être « un fervent partisan de l'intégration européenne », je l'interprète comme un bon présage. Ce n'est pas seulement un élément de langage soufflé par le Département d'État... Il y croit.
B. B. - Dans un discours resté fameux, un autre président démocrate, Bill Clinton, avait parlé des États-Unis comme de la « nation indispensable ». La formule est-elle toujours d'actualité ?
J. M. B. - Bien sûr, c'est évident. Les États-Unis demeurent la première puissance mondiale. Je ne suis pas naïf au point de croire que les Américains vont régler tous les problèmes de la planète ; mais, sans les Américains, ces problèmes n'ont aucune chance d'être résolus. Qu'il s'agisse de la paix, des droits de l'homme, de la crise économico-financière ou du changement …
B. B. Baudouin Bollaert - Barack Obama a pris ses fonctions fin janvier. Que pensez-vous du nouveau président américain ?
José Manuel Barroso - Lors de notre premier entretien téléphonique, il m'a déclaré être « un fervent partisan de l'intégration européenne » ! Des paroles très aimables, vous en conviendrez... Le président Obama m'a également félicité pour le rôle moteur joué par l'Union en général et la Commission en particulier dans la lutte contre le changement climatique. Sa priorité sera justement de travailler sur le climat et l'énergie avec nous. Notre premier contact a donc été très cordial. Mais il demande, bien sûr, à être approfondi.
B. B. - Et l'homme, comment vous apparaît-il ? L'«Obamania » peut-elle durer ?
J. M. B. - Nous sommes devant un véritable cas de leadership charismatique. Je le dis en pesant mes mots car, aujourd'hui, on utilise le mot « charisme » d'une façon qui ne correspond pas toujours à la bonne définition. Barack Obama est doté d'un pouvoir d'attraction qui va bien au-delà d'une bonne communication ou d'un bon marketing. Il suscite d'emblée l'adhésion. Son aura personnelle donne envie aux gens de le suivre. Je vous parle ici à titre personnel, comme quelqu'un qui analyse depuis longtemps la sphère politique et connaît les principaux dirigeants de la planète. L'avènement de Barack Obama constitue une réelle occasion pour l'Amérique et pour les autres pays. Une page a été tournée aux États-Unis avec son élection à la Maison Blanche. Une page va peut-être aussi se tourner pour le reste du monde...
B. B. - Le président Obama n'incarne-t-il pas une nouvelle génération de dirigeants américains largement déconnectés des influences et des préoccupations européennes ?
J. M. B. - L'important est qu'il soit, de par ses origines, sa vie et ses études, ouvert sur le monde. Je serais inquiet s'il avait une vision nationaliste ou chauvine des choses... Comme vous le savez, l'isolationnisme a une longue tradition chez les Américains. La mondialisation a d'ailleurs renforcé aux États-Unis, comme dans un certain nombre de pays, la tendance au repli sur soi. Mais Barack Obama n'est pas isolationniste. Il n'appartient pas à ce courant de pensée. Son ouverture sur le monde lui désigne obligatoirement l'Europe comme un partenaire privilégié. Et, quand il me dit être « un fervent partisan de l'intégration européenne », je l'interprète comme un bon présage. Ce n'est pas seulement un élément de langage soufflé par le Département d'État... Il y croit.
B. B. - Dans un discours resté fameux, un autre président démocrate, Bill Clinton, avait parlé des États-Unis comme de la « nation indispensable ». La formule est-elle toujours d'actualité ?
J. M. B. - Bien sûr, c'est évident. Les États-Unis demeurent la première puissance mondiale. Je ne suis pas naïf au point de croire que les Américains vont régler tous les problèmes de la planète ; mais, sans les Américains, ces problèmes n'ont aucune chance d'être résolus. Qu'il s'agisse de la paix, des droits de l'homme, de la crise économico-financière ou du changement …
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