5,7 millions de séropositifs
Quinze ans... En 2009 l'ANC achèvera son troisième mandat à la tête du gouvernement sud-africain, avec ses alliés du Parti communiste (SACP) et de la puissante fédération syndicale Cosatu. Sur le papier, c'est Kgalema Motlanthe, le président par intérim, qui remettra son fauteuil en jeu au cours du second semestre, mais c'est bien le bilan de neuf ans de présidence Mbeki qui sera jugé. Et pour celui qui fut pourtant l'incontestable artisan de la croissance économique, le verdict risque d'être sévère, en particulier sur un point.
Le constat est dramatique : avec 5,7 millions de malades, l'Afrique du Sud est le pays qui compte le plus grand nombre de séropositifs au monde. Une étude récente de l'Université Harvard accuse l'ancien président et son ex-ministre de la Santé, Mme Manto Tshabala-Msimang, d'être directement responsables de la mort de 365 000 personnes entre 2000 et 2005 (3). En cause : leur entêtement à nier, jusqu'en 2003, tout lien entre VIH et sida, et leurs réticences persistantes à admettre l'efficacité des antirétroviraux dans la lutte contre la maladie, au nom de l'anti-néocolonialisme et sous l'influence de biologistes « sceptiques » comme le docteur Peter Duesberg, selon lequel les antirétroviraux seraient plus mortels que le sida lui-même.
La distribution de ces médicaments dans les hôpitaux et les dispensaires publics a été décidée sur le tard et n'a véritablement débuté qu'en septembre 2004. Aujourd'hui, quelque 550 000 Sud-Africains suivent un traitement adapté. L'Afrique du Sud redresse …