Août 1619 : une vingtaine d'Africains débarquent d'un navire hollandais, dans un lieu marécageux et insalubre baptisé Jamestown, embryon d'une colonie nommée Virginie. Ils sont les premiers Noirs à arriver sur ce territoire hostile qui ne s'appelle pas encore États-Unis, avant même les pèlerins du Mayflower. La chaîne au cou, les pieds entravés, réduits à l'état de sous-hommes. Esclaves.20 janvier 2009 : Barack Obama entre à la Maison Blanche, premier président noir de l'histoire américaine.
Il a donc fallu presque quatre siècles pour qu'un homme à la peau sombre accède à la présidence des États-Unis. Quatre siècles pour que ceux qu'on appela tour à tour « esclaves », « gens de couleur », « Negroes », « Noirs » et « Afro-américains » se sentent enfin et simplement des « Américains » comme les autres. Quatre siècles d'asservissement, de souffrances, mais aussi de combats, d'espoirs et de détermination inouïe. Avec l'intronisation de Barack Obama, on peut aujourd'hui prendre la mesure de ce que fut l'histoire des Noirs en Amérique : 250 ans d'esclavage, 100 ans de ségrégation et 50 ans d'intégration chaotique. Une longue marche pour imposer leurs droits et affirmer leur dignité.
250 ans d'esclavage
« À la fin août, un vaisseau de guerre hollandais nous a vendu vingt nègres », note, en 1619, John Rolfe, premier juge de Virginie et époux de la légendaire Indienne Pocahontas. C'est la première mention attestant la présence de Noirs sur le territoire des futurs États-Unis. D'où venaient-ils ? Nul ne le sait. Mais on retient qu'ils avaient été « vendus ». Déjà esclaves, même si ce statut n'est encore précisé nulle part.
Les Noirs étaient donc bien là, à l'aube de l'histoire américaine. Les États-Unis d'Amérique ne furent jamais la société blanche qu'ils prétendirent être. Dès le début, dès l'arrivée des colons européens, le pays en construction fut une société multiraciale, métissée (le quotidien partagé signifiait aussi, évidemment, la naissance d'enfants aux origines mêlées), qui tenta de nier farouchement la présence en son sein des Indiens et des Noirs. Ces derniers ont contribué, eux aussi, à l'exploration et au développement du nouveau continent. Eux aussi, ils se sont identifiés aux idéaux de liberté et d'égalité de la nation naissante. Eux aussi, ils ont construit le rêve américain. Mais leur présence et leur rôle n'étaient pas reconnus. Ils ne devaient pas être visibles, ils n'étaient pas supposés être là. Et ils n'étaient pas destinés à devenir américains.
Depuis quelques décennies, des petits groupes d'aventuriers, pauvres diables et ambitieux - Espagnols, Français, Anglais, Hollandais -, tentaient de s'implanter sur les côtes inhospitalières du continent nord-américain, rêvant de fortune et de liberté. Cette même année 1619, les colons de Jamestown choisissaient leurs représentants chargés de voter la loi locale - premier exemple de gouvernement représentatif en Amérique. Un an plus tard, les pèlerins du Mayflower débarquaient plus au nord, sur les côtes du futur Massachusetts, décidés à se gouverner eux-mêmes et à affirmer leur liberté de croyance. Avides d'autonomie, ces colons n'étaient pas assez nombreux …
Il a donc fallu presque quatre siècles pour qu'un homme à la peau sombre accède à la présidence des États-Unis. Quatre siècles pour que ceux qu'on appela tour à tour « esclaves », « gens de couleur », « Negroes », « Noirs » et « Afro-américains » se sentent enfin et simplement des « Américains » comme les autres. Quatre siècles d'asservissement, de souffrances, mais aussi de combats, d'espoirs et de détermination inouïe. Avec l'intronisation de Barack Obama, on peut aujourd'hui prendre la mesure de ce que fut l'histoire des Noirs en Amérique : 250 ans d'esclavage, 100 ans de ségrégation et 50 ans d'intégration chaotique. Une longue marche pour imposer leurs droits et affirmer leur dignité.
250 ans d'esclavage
« À la fin août, un vaisseau de guerre hollandais nous a vendu vingt nègres », note, en 1619, John Rolfe, premier juge de Virginie et époux de la légendaire Indienne Pocahontas. C'est la première mention attestant la présence de Noirs sur le territoire des futurs États-Unis. D'où venaient-ils ? Nul ne le sait. Mais on retient qu'ils avaient été « vendus ». Déjà esclaves, même si ce statut n'est encore précisé nulle part.
Les Noirs étaient donc bien là, à l'aube de l'histoire américaine. Les États-Unis d'Amérique ne furent jamais la société blanche qu'ils prétendirent être. Dès le début, dès l'arrivée des colons européens, le pays en construction fut une société multiraciale, métissée (le quotidien partagé signifiait aussi, évidemment, la naissance d'enfants aux origines mêlées), qui tenta de nier farouchement la présence en son sein des Indiens et des Noirs. Ces derniers ont contribué, eux aussi, à l'exploration et au développement du nouveau continent. Eux aussi, ils se sont identifiés aux idéaux de liberté et d'égalité de la nation naissante. Eux aussi, ils ont construit le rêve américain. Mais leur présence et leur rôle n'étaient pas reconnus. Ils ne devaient pas être visibles, ils n'étaient pas supposés être là. Et ils n'étaient pas destinés à devenir américains.
Depuis quelques décennies, des petits groupes d'aventuriers, pauvres diables et ambitieux - Espagnols, Français, Anglais, Hollandais -, tentaient de s'implanter sur les côtes inhospitalières du continent nord-américain, rêvant de fortune et de liberté. Cette même année 1619, les colons de Jamestown choisissaient leurs représentants chargés de voter la loi locale - premier exemple de gouvernement représentatif en Amérique. Un an plus tard, les pèlerins du Mayflower débarquaient plus au nord, sur les côtes du futur Massachusetts, décidés à se gouverner eux-mêmes et à affirmer leur liberté de croyance. Avides d'autonomie, ces colons n'étaient pas assez nombreux …
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