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REPUBLIQUE TCHEQUE : UNE PRESIDENCE A RECULONS

Si les règles institutionnelles de l'Union européenne s'étaient inspirées de celles du poker ou du bridge, nul doute que le gouvernement de Prague aurait choisi de passer la main. En application du traité de Nice, toujours en vigueur en raison du refus irlandais de ratifier le traité de Lisbonne, il revient en effet à la République tchèque d'assurer la présidence du Conseil européen au cours du premier semestre 2009, après la France et avant la Suède. Or, à la fin de l'année 2008, on a pu observer dans quelques pays d'Europe - dont la France - des craintes quant à l'aptitude de Prague à assumer ce rôle dans les circonstances présentes, ainsi que des réactions, parfois vives, à ces craintes dans le débat public tchèque. Le président Nicolas Sarkozy était ainsi accusé d'avoir tenté de « siphonner » les compétences de la présidence du Conseil en suggérant d'assumer lui-même la direction de l'Eurogroupe (directoire économique des pays partageant la monnaie unique) au-delà du 1er janvier 2009, au motif que la République tchèque n'en fait pas partie. Dans les cénacles de Bruxelles, on évoquait plus ou moins ouvertement l'hypothèse d'une « mise sous tutelle » de la présidence tchèque, supposée incapable d'être à la hauteur des enjeux de l'heure. Enfin, des fuites relatives à des discussions informelles entre le président français et le premier ministre Mirek Topolanek, publiées à grand bruit dans un hebdomadaire pragois (1) venaient à point nommé conforter ce climat de méfiance réciproque. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'un pays de la « nouvelle Europe », ayant intégré l'UE lors de l'élargissement du 1er mai 2004, est conduit à présider ce Conseil : au premier semestre 2008, la Slovénie, pays de dimension modeste, avait assumé cette tâche à la satisfaction générale. Certes, ce succès doit beaucoup au consensus pro-européen qui domine dans l'élite politique slovène. Mais il est vrai aussi que cette présidence a bénéficié, sur les plans politique, économique et institutionnel, d'un calme relatif qui a permis à la petite république alpine de tenir sans trop de mal le gouvernail de l'Union. Le refus irlandais de ratifier le traité de Lisbonne avait mis la réforme des institutions en panne, et la crise économique, bien que se profilant à l'horizon, n'avait pas encore provoqué de turbulences dans les relations entre les « grands » pays de l'Union, notamment entre la France et l'Allemagne.
Et surtout, personne ne soupçonnait la Slovénie de tiédeur, encore moins d'aversion pour cette Europe dont elle s'était toujours montrée une excellente élève depuis son accession à l'indépendance en 1991 : elle fut ainsi la première, parmi les admis de 2004, à satisfaire aux critères de convergence économique et entra, dès le 1er janvier 2007, dans la zone euro.
Un pays fauteur de troubles ?
Il n'en est pas de même, loin de là, pour la République tchèque, dont la prise de fonction à la tête du Conseil européen se produit dans un contexte de méfiance réciproque entre Bruxelles et Prague, alors que …