S. R. Sibylle Rizk - Depuis l'été 2006, le Hezbollah n'a pas tiré une seule roquette sur le territoire israélien. Observez-vous une trêve ?
Naïm Kassem - Il n'y a ni trêve ni accord. Nous ne tirons pas de roquettes tout simplement parce que nous respectons la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU (1). Nous considérons que, pour le moment, la réalité sur le terrain n'est pas propice à de tels tirs. J'affirme même qu'ils seraient contreproductifs, car Israël en profiterait pour se poser en victime.
S. R. - Pourtant, en dépit de cette résolution 1701, vous considérez qu'Israël occupe toujours une partie du territoire libanais. Je fais allusion ici aux fermes de Chebaa (2)... Le fait de ne plus les revendiquer au moyen des Katioucha ne signifie-t-il pas qu'Israël a, au moins en partie, atteint ses buts de guerre en obtenant un cessez-le-feu de facto ?
N. K. - Après la libération du Sud, en mai 2000 (3), nous avons procédé à des opérations ponctuelles pour signaler que nous continuions de revendiquer la libération des fermes de Chebaa. Je les qualifie d'« opérations de rappel », dans la mesure où ces opérations étaient espacées dans le temps, souvent de plusieurs mois. Leur but était uniquement de réaffirmer la poursuite de la résistance à l'occupation de ces fermes par l'armée israélienne. L'arrêt de telles « opérations de rappel » ne préjuge en rien de ce qui peut se passer à l'avenir et ne signifie nullement que la réalité de l'occupation israélienne a disparu.
La défaite de l'armée israélienne en juillet 2006 ainsi que la défaite psychologique et morale de la société israélienne sont patentes. Israël voulait éliminer le Hezbollah et le désarmer. Nous l'avons empêché d'atteindre son objectif. Cette guerre a prouvé une fois encore que la résistance était une nécessité et qu'elle doit se poursuivre.
Ces acquis ne se mesurent pas à l'aune de quelques roquettes que l'on tire ou que l'on ne tire pas sur les fermes de Chebaa. Le Hezbollah n'a tiré aucune roquette depuis plus de deux ans. Alors pourquoi ces violations incessantes de l'espace aérien libanais (4) et ce climat de tension politique (5) ? En réalité, c'est l'existence même de la résistance qui inquiète les Israéliens.
S. R. - Israël vous soupçonne de vous être dotés de batteries antiaériennes (6). Qu'en est-il exactement ?
N. K. - Je ne peux ni confirmer ni infirmer l'information. Ces données relèvent des secrets de la résistance.
S. R. - Vous avez démenti toute implication dans les incidents survenus ces derniers mois (7). Qui est responsable des récents tirs de Katioucha contre Israël ?
N. K. - Nous ne savons pas qui tire ces roquettes. Elles sont d'ailleurs très basiques et le mode opératoire ne témoigne pas d'une réelle maîtrise technique.
Le Hezbollah n'est pas responsable de la sécurité dans le Sud. Nous sommes un mouvement de résistance et nous respectons les institutions de l'État libanais dont nous sommes l'un des éléments constitutifs. Même lorsque les temps étaient …