Les Grands de ce monde s'expriment dans

LES ARMEES OCCIDENTALES FACE AUX REBELLIONS LOCALES

La guerre qui se poursuit en Irak, cinq ans après la chute de Saddam Hussein ; le conflit sans fin dans lequel sont engagés les Occidentaux en Afghanistan sept ans après la « libération » de Kaboul ; l'affront fait par le Hezbollah libanais à l'armée israélienne en 2006 et les roquettes qui continuent à pleuvoir sur le sud de l'État hébreu malgré l'intervention de Tsahal à Gaza l'hiver dernier : depuis l'entrée dans le nouveau millénaire, les puissances occidentales, où qu'elles dirigent leurs armes, sont tenues en échec par des rebelles sous-équipés mais motivés, des insurgés peu cultivés mais déterminés, des guérillas microscopiques mais sachant se dissimuler dans la nature. Habituées à offrir au pouvoir politique des victoires solides et incontestées, les armées des grandes démocraties vacillent sous les coups répétés que leur portent les combattants sunnites et chiites, pachtounes et palestiniens, comme un animal trop lourd pour s'échapper succomberait après avoir été pris dans un essaim d'abeilles. L'ensemble du modèle occidental de la guerre est en crise. Malgré les efforts financiers considérables consacrés à la défense en Europe et, surtout, aux États-Unis (1), la puissance militaire semble être parvenue au bout de son efficacité technique.En 1989, pourtant, la chute du mur de Berlin et l'effondrement du communisme avaient, pensait-on, consacré la suprématie définitive, à la fois militaire et politique, de l'Amérique, grande triomphatrice de la guerre froide, et de ses alliés. Les armées de Saddam Hussein, qui avaient envahi le Koweït le 2 août 1990, ont été écrasées par la haute technologie occidentale après un mois de frappes aériennes et une très brève bataille terrestre. De son côté, le leader serbe Slobodan Milosevic, qui avait, plusieurs années durant, défié l'Europe par ses agissements en Bosnie, a été vaincu lors de l'intervention armée de l'Otan au Kosovo en 1999. Envoyés en Côte d'Ivoire en 2002 pour sauver une paix menacée, les soldats français de la force Licorne ont finalement aidé le pays à se stabiliser. Persuadé de la victoire de la démocratie libérale dans le monde, l'influent intellectuel américain Francis Fukuyama avait annoncé la « fin de l'Histoire », dans un ouvrage retentissant publié en 1992 (2). De la première guerre du Golfe aux conflits balkaniques en passant par les crises africaines, rien, effectivement, ne semblait pouvoir résister aux démocraties occidentales et à leur toute-puissance militaire...
Cette croyance en l'avènement d'une ère postmoderne où triompheraient la paix et les valeurs morales et politiques des Occidentaux a pourtant fait long feu. L'idée, un peu naïve, selon laquelle la planète allait se transformer en un paradis dans lequel le bruit des armes et les rivalités de puissance céderaient la place à une civilisation de loisirs, faite de douceur et de légèreté, a été balayée par les attentats du 11 septembre 2001 et leurs conséquences : la « guerre globale contre le terrorisme » et les rébellions qui ont poussé à l'ombre des interventions occidentales. Il est vrai que, depuis le début des années 1990, le nombre de conflits dans le monde …