De leur côté, les Français ont traversé la crise sans dommage. L'existence de stocks de gaz et la diversité de leurs approvisionnements (1) les ont protégés de la pénurie. Désireux de rassurer les consommateurs, Gérard Mestrallet, le patron de GDF Suez (principal acteur du marché français) signalait à juste titre, début janvier, après une première semaine sans gaz russe, qu'« un Français qui n'écouterait pas la radio et ne lirait pas les journaux ne saurait pas qu'il existe en ce moment une crise gazière ! ».
Mais sachant que les pays les plus durement frappés font aussi partie de l'UE - ou, comme la Serbie, la Croatie et la Macédoine, l'intégreront bientôt -, il est difficile d'imaginer que cette crise ne concerne pas la France. Elle a posé plusieurs questions essentielles : dans quelle mesure la solidarité européenne doit-elle s'appliquer entre les membres de l'Union ? Quelles relations l'Europe doit-elle entretenir avec la Russie et avec l'Ukraine ? Surtout, l'UE peut-elle assurer, à long terme, la sauvegarde de ses intérêts stratégiques ?
La pire crise énergétique de l'histoire de l'UE
Il faut bien comprendre que l'épisode de cet hiver n'a pas été une simple répétition des crises gazières antérieures. Bien sûr, ce n'était pas la première fois que la Russie coupait les approvisionnements à son voisin ukrainien. Entre ces deux pays, les poussées de fièvre sont récurrentes. Jusqu'ici, le conflit le plus sérieux s'était produit en janvier 2006. Mais, à l'époque, la rupture du transit gazier n'avait duré que trois jours. Et, durant ces trois journées, la Russie et l'Ukraine n'avaient jamais cessé de négocier, ce qui avait permis une reprise rapide des approvisionnements.
Or en janvier 2009, la crise a duré au total vingt et un jours, dont quatorze pendant lesquels l'Europe a été privée de l'essentiel …