Richard Heuzé - Monsieur le Président du Conseil, lorsque vous êtes revenu au pouvoir en mai 2008 (pour un troisième mandat, après ceux que vous avez effectués en 1994-1995 et en 2001-2006), vous avez exprimé le souhait de « changer l'Italie ». Pourriez-vous dresser le bilan de ce que vous avez déjà accompli ?
Silvio Berlusconi - Au cours de ma campagne électorale, j'avais effectivement fait part de ma ferme intention de changer l'Italie. J'avais également déclaré - et, à l'époque, mon entourage et moi-même étions les seuls à le dire - qu'une crise économique de portée globale se préparait, une crise sans précédent dans les cinquante dernières années. Depuis mon arrivée aux affaires, mon gouvernement a beaucoup de choses à mettre à son actif. Nous avons rétabli, en trois mois, la normalité sanitaire dans la région de Naples, qui était submergée par les détritus, et nous avons fait en sorte qu'Alitalia reste une compagnie aérienne nationale en favorisant sa reprise par un consortium italien qu'épaule Air France/KLM. Ces deux succès, parmi tant d'autres, nous ont valu une grande popularité. Tout comme le fait que nous soyons parvenus à mettre les comptes publics en sécurité (1) en faisant adopter, dès le mois de juillet, une loi de finances qui s'étalait, pour la première fois, sur une période de trois ans - et cela, tout en respectant les contraintes européennes imposées par le traité de Maastricht en matière de déficits (2). Cette mesure nous a permis d'affronter la crise avec des finances publiques bien préparées.
R. H. - Quelles sont les autres réformes dont vous êtes fier ?
S. B. - Je pense immédiatement à celle de l'école : nous avons jeté les bases d'une instruction publique qui permettra à l'Italie de refaire son retard sur l'Europe en matière de sélection et de productivité. Elle permettra à notre pays, aussi, de redécouvrir les vertus du mérite. Je pense également à la réforme de la justice, qui est en cours : nous voulons faire en sorte que tous les citoyens puissent bénéficier d'une justice diligente (3) dans les procès. Cette réforme établit par surcroît une nette distinction entre la profession de magistrat du parquet et celle de magistrat du siège. À chacun son travail, sans mélange des genres (4).
Enfin, nous nous sommes battus au niveau de l'UE pour faire financer les grandes infrastructures dont le continent a besoin et qui ont longtemps été bloquées en Italie par des veto purement idéologiques. C'est le cas, en particulier, de la liaison ferroviaire à grande vitesse Turin-Lyon, qui a obtenu l'an dernier un substantiel financement européen dans le cadre des projets d'infrastructures prioritaires décidés par Bruxelles (5).
R. H. - Précisément, sur ce dossier, la France reproche régulièrement à l'Italie de ne pas faire tout ce qu'elle devrait pour ouvrir, enfin, le chantier ferroviaire. Pensez-vous pouvoir y parvenir d'ici à 2011 et respecter l'échéancier prévu ?
S. B. - Lors du sommet franco-italien du 24 février dernier à Rome, j'ai redit au président Nicolas …
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