La crise économique a fait voler en éclats un acronyme dont l'heure de gloire fut aussi brillante que brève : les « BRICs » (1). Inventé en 2003 par un expert de la banque Goldman Sachs, il désignait des pays « émergents », censés représenter à la fois le nouveau monde, la « multipolarité », le déclin de l'Occident et une croissance impressionnante. Avec cette soif de nouveauté qui caractérise les esprits contemporains, les pays émergents avaient fini par être crédités d'une telle dynamique économique que l'on voyait en eux, en toute simplicité, l'« enjeu mondial » du siècle. Un peu vite sans doute. Car le niveau de croissance annoncé semble à présent bien optimiste, la multipolarité déséquilibrée, et les pays occidentaux peut-être mieux armés pour rebondir que bien des économies émergentes. Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : la théorie du « découplage », qui devait protéger ces dernières des effets de la crise économique a fait long feu. C'est particulièrement vrai pour la Russie et la Chine, inextricablement liées à l'économie occidentale. Plus personne, à l'exception de propagandistes invétérés, n'ose soutenir que Moscou et Pékin restent à l'abri de la tourmente, pas même les capitales concernées.
La Russie a perdu en quelques mois entre le tiers et la moitié de ses 600 milliards de dollars de réserves pour soutenir le rouble (avant de dévaluer de 30%) ; elle a vu sa Bourse chuter de 70 % ; et doit faire face à une baisse de près de 20 % de sa production industrielle. Si Vladimir Poutine envisageait en mai 2008 neuf « outils » pour rattraper l'Ouest d'ici à 2020 (2), il va devoir réviser sa copie. Quant à la Chine, elle ferme des dizaines de milliers d'usines, notamment sur la côte, 20 % de l'épargne chinoise se trouve dans des banques dont la solvabilité est douteuse, et le pays découvre les limites du modèle d'« atelier du monde » qui a fait sa fortune et permis la survie du régime. Ceux qui, en Chine, prédisaient en 2008 le remplacement du dollar par le yuan comme valeur-étalon sont revenus sur terre (3).
La vraie question qui se pose aujourd'hui à ces deux pays est celle de l'ampleur des dommages non seulement économiques, mais aussi sociaux et politiques qu'ils auront à subir (4). L'un et l'autre ont des problèmes très différents : l'économie russe vit de son gaz, de son pétrole et de ses matières premières, tandis que la Chine doit trouver à l'extérieur la quasi-totalité des ressources énergétiques nécessaires à son développement. La baisse des cours mondiaux les affecte donc de façon diamétralement opposée, pénalisant Moscou et favorisant Pékin.
L'une a une démographie déclinante, avec une perte de 700 000 individus par an ; l'autre la plus vaste population de la planète (1,3 milliard d'individus) dont on parle désormais comme d'un « gigantesque marché intérieur », une expression dont on verra les limites. Mais, dans les deux cas, la croissance dépend du dynamisme de la demande …
La Russie a perdu en quelques mois entre le tiers et la moitié de ses 600 milliards de dollars de réserves pour soutenir le rouble (avant de dévaluer de 30%) ; elle a vu sa Bourse chuter de 70 % ; et doit faire face à une baisse de près de 20 % de sa production industrielle. Si Vladimir Poutine envisageait en mai 2008 neuf « outils » pour rattraper l'Ouest d'ici à 2020 (2), il va devoir réviser sa copie. Quant à la Chine, elle ferme des dizaines de milliers d'usines, notamment sur la côte, 20 % de l'épargne chinoise se trouve dans des banques dont la solvabilité est douteuse, et le pays découvre les limites du modèle d'« atelier du monde » qui a fait sa fortune et permis la survie du régime. Ceux qui, en Chine, prédisaient en 2008 le remplacement du dollar par le yuan comme valeur-étalon sont revenus sur terre (3).
La vraie question qui se pose aujourd'hui à ces deux pays est celle de l'ampleur des dommages non seulement économiques, mais aussi sociaux et politiques qu'ils auront à subir (4). L'un et l'autre ont des problèmes très différents : l'économie russe vit de son gaz, de son pétrole et de ses matières premières, tandis que la Chine doit trouver à l'extérieur la quasi-totalité des ressources énergétiques nécessaires à son développement. La baisse des cours mondiaux les affecte donc de façon diamétralement opposée, pénalisant Moscou et favorisant Pékin.
L'une a une démographie déclinante, avec une perte de 700 000 individus par an ; l'autre la plus vaste population de la planète (1,3 milliard d'individus) dont on parle désormais comme d'un « gigantesque marché intérieur », une expression dont on verra les limites. Mais, dans les deux cas, la croissance dépend du dynamisme de la demande …
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