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CAUCASE DU SUD : LE TEMPS DE L'UNITE ?

La guerre des Cinq jours qui a mis aux prises la Russie et la Géorgie entre le 7 et le 12 août 2008 a redistribué les cartes dans le Caucase du Sud. La victoire de la Russie a marqué un tournant dans le bras de fer l'opposant aux États-Unis pour le contrôle de la zone qui s'étend de la Baltique à l'Asie centrale via la mer Noire et la Caspienne. Quelles conséquences cette victoire aura-t-elle pour l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie ? Les deux premiers se sont affrontés au Haut-Karabakh jusqu'en 1994 ; la troisième a connu de nombreux conflits internes, avant même la guerre de l'été 2008. Le Caucase du Sud, cette région stratégiquement prépondérante située entre la Russie, la Turquie et l'Iran, est-il voué à connaître de régulières explosions de violence ?Hier comme aujourd'hui, les trois États restent tributaires d'enjeux internationaux qui les dépassent : les tensions Otan-Russie ; le dossier nucléaire iranien ; la nouvelle carte énergétique mondiale ; la poussée de l'Union européenne vers l'Est ; et, bien entendu, la crise économique mondiale. Résister à ces dynamiques globales leur est d'autant plus difficile que leur région ne jouit d'aucune unité stratégique et économique. Le Caucase du Sud se cherche encore. Pour masquer leur vulnérabilité, Arméniens, Azéris et Géorgiens se sont refugiés dans le nationalisme, la course aux armements et la concurrence économique. Pourtant, l'évolution de la politique étrangère de la Russie (1) pourrait bien les inciter à se rapprocher les uns des autres. Ces trois États partagent une communauté de destin face au danger. Après tout, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ne sont-ils pas les premières victimes des dommages collatéraux de la guerre des Cinq jours qui a endeuillé la Géorgie ?
Une zone au coeur des turbulences internationales
Le Caucase du Sud n'est plus une impasse. Son désenclavement est en marche. Divers projets multilatéraux (Traceca, Inogate, Silk Road Act (2)) sont en train d'en faire un véritable carrefour stratégique. Mais cette ouverture a un prix. La région détient deux tristes records : plus de 10 % de la population totale (qui est de 15 millions de personnes) sont des réfugiés ou des déplacés. Et la densité des conflits y est la plus élevée du globe.
Cet espace instable (3) subit les effets de trois types de crises : 1) des crises infra-étatiques, comme celles de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, dont la Russie a reconnu l'« indépendance » en septembre 2008 au détriment de la Géorgie vaincue, ou celle du Haut-Karabakh, dont le processus de paix, pris en charge par le groupe de Minsk de l'OSCE (que dirigent les États-Unis, la Russie et la France), se trouve toujours dans l'impasse quinze ans après l'accord de cessez-le-feu de Bichkek ; 2) des crises régionales qui se produisent dans des zones voisines - Tchétchénie, Kurdistan, Irak, Iran, Afghanistan ; 3) des crises géopolitiques puisque les deux mers qui bordent le Caucase du Sud - la Caspienne à l'est et la mer Noire à l'ouest - se trouvent au …