Gordon Bajnai, 41 ans, est devenu premier ministre de Hongrie le 14 avril 2009. Il a été investi par le Parlement par 204 voix (socialistes et libéraux) contre 0, la droite s'étant abstenue. Non engagé politiquement, venu du monde des affaires, Gordon Bajnai faisait partie, depuis 2006, du gouvernement socialiste minoritaire de Ferenc Gyurcsany comme ministre des Infrastructures, puis comme ministre des Finances. La crise économique mondiale a frappé la Hongrie de plein fouet, l'acculant pratiquement à la faillite, en raison du fort endettement en devises étrangères du budget de l'État et des ménages. Sauvé de la banqueroute par l'intervention de l'Union européenne et du Fonds monétaire international, le pays plongeait alors dans une grave crise politique. Alors que l'opposition de droite menée par le parti Fidesz de l'ancien premier ministre Viktor Orban réclamait à grands cris des élections anticipées, Ferenc Gyurcsany choisissait de saborder son gouvernement en faisant voter une « motion de défiance constructive ». Son successeur s'est trouvé bombardé à la tête d'un cabinet de crise composé en majorité d'experts et à la durée de vie limitée : les élections législatives sont prévues pour le mois d'avril 2010. Gordon Bajnai a d'ores et déjà annoncé qu'il ne serait pas candidat à sa propre succession. Il s'est engagé, également, à mener à bien les réformes - forcément impopulaires - susceptibles de remettre l'économie hongroise sur les rails de la croissance et à rétablir l'équilibre du système financier. Symboliquement, il a fixé son salaire de premier ministre à 1 forint - une somme dérisoire si l'on considère qu'il faut environ 270 forints pour obtenir 1 euro...
L. R. Luc Rosenzweig - Pouvez-vous nous décrire le contexte politique dans lequel vous avez accédé à la fonction de premier ministre le 14 avril 2009 ?
Gordon Bajnai - La Hongrie, comme d'autres pays européens, a été touchée, à partir de septembre 2008, par la crise économique mondiale. Mais son impact sur notre pays a été plus violent qu'ailleurs. Cette crise a révélé au grand jour des problèmes structurels hérités du passé, qui n'avaient pas été traités de manière adéquate par les gouvernements précédents. Au mois de mars, le premier ministre en exercice, Ferenc Gyurcsany (1), a estimé qu'il devait démissionner et laisser la place à une nouvelle équipe qui soit à même d'engager résolument les réformes nécessaires. Il est vrai que, depuis les élections législatives de 2006, la Hongrie était dirigée par un gouvernement socialiste minoritaire qui devait batailler pour sa survie lors de chaque vote au Parlement. Un tel gouvernement n'aurait pas pu lancer les réformes radicales rendues inévitables par la crise. Deux partis politiques - les socialistes et les libéraux - ont alors décidé de constituer une majorité stable afin de soutenir un cabinet de gestion de crise jusqu'aux prochaines législatives qui doivent avoir lieu au mois d'avril 2010.
L. R. - Pouvez-vous nous expliquer plus en détail ce que sont ces « spécificités hongroises » qui ont rendu votre pays plus vulnérable aux effets de la crise économique que certains de ses voisins, comme la République tchèque ou la Pologne ?
G. B. - La Hongrie a enregistré d'importants succès dans la réduction de son déficit public qui a été ramené de 10 % en 2006 à 3 % en 2008, c'est-à-dire aux critères de Maastricht tels qu'ils ont été définis pour pouvoir entrer dans la zone euro. Mais, dans le même temps, en raison du retard des réformes structurelles, le taux de croissance est tombé de 4 % à 2 %. Comme le déficit budgétaire des années précédentes - notre dette publique s'élève actuellement à 80 % du PIB annuel - avait été financé en grande partie par des emprunts contractés en devises étrangères, notamment en euros, les mauvais chiffres de la croissance ont provoqué une pression sur la monnaie nationale, le forint, qui s'est fortement déprécié. Il en est résulté une perte de confiance des investisseurs nationaux et internationaux, et une déstabilisation de notre système bancaire. Notre but est de remettre la Hongrie sur les rails de la compétitivité et d'atteindre un taux de croissance de deux points au-dessus de la moyenne de l'UE.
L. R. - Quelles sont les principales réformes à mettre en oeuvre pour y parvenir ?
G. B. - Comme je l'ai dit, le gouvernement que je dirige a une durée de vie limitée. Mais nous avons l'ambition de faire davantage de réformes en une année qu'au cours de la décennie qui vient de s'écouler. Nous avons commencé par réformer le système des retraites. Puis viendra le tour du système de protection sociale, avec un double objectif : réduire les coûts …
L. R. Luc Rosenzweig - Pouvez-vous nous décrire le contexte politique dans lequel vous avez accédé à la fonction de premier ministre le 14 avril 2009 ?
Gordon Bajnai - La Hongrie, comme d'autres pays européens, a été touchée, à partir de septembre 2008, par la crise économique mondiale. Mais son impact sur notre pays a été plus violent qu'ailleurs. Cette crise a révélé au grand jour des problèmes structurels hérités du passé, qui n'avaient pas été traités de manière adéquate par les gouvernements précédents. Au mois de mars, le premier ministre en exercice, Ferenc Gyurcsany (1), a estimé qu'il devait démissionner et laisser la place à une nouvelle équipe qui soit à même d'engager résolument les réformes nécessaires. Il est vrai que, depuis les élections législatives de 2006, la Hongrie était dirigée par un gouvernement socialiste minoritaire qui devait batailler pour sa survie lors de chaque vote au Parlement. Un tel gouvernement n'aurait pas pu lancer les réformes radicales rendues inévitables par la crise. Deux partis politiques - les socialistes et les libéraux - ont alors décidé de constituer une majorité stable afin de soutenir un cabinet de gestion de crise jusqu'aux prochaines législatives qui doivent avoir lieu au mois d'avril 2010.
L. R. - Pouvez-vous nous expliquer plus en détail ce que sont ces « spécificités hongroises » qui ont rendu votre pays plus vulnérable aux effets de la crise économique que certains de ses voisins, comme la République tchèque ou la Pologne ?
G. B. - La Hongrie a enregistré d'importants succès dans la réduction de son déficit public qui a été ramené de 10 % en 2006 à 3 % en 2008, c'est-à-dire aux critères de Maastricht tels qu'ils ont été définis pour pouvoir entrer dans la zone euro. Mais, dans le même temps, en raison du retard des réformes structurelles, le taux de croissance est tombé de 4 % à 2 %. Comme le déficit budgétaire des années précédentes - notre dette publique s'élève actuellement à 80 % du PIB annuel - avait été financé en grande partie par des emprunts contractés en devises étrangères, notamment en euros, les mauvais chiffres de la croissance ont provoqué une pression sur la monnaie nationale, le forint, qui s'est fortement déprécié. Il en est résulté une perte de confiance des investisseurs nationaux et internationaux, et une déstabilisation de notre système bancaire. Notre but est de remettre la Hongrie sur les rails de la compétitivité et d'atteindre un taux de croissance de deux points au-dessus de la moyenne de l'UE.
L. R. - Quelles sont les principales réformes à mettre en oeuvre pour y parvenir ?
G. B. - Comme je l'ai dit, le gouvernement que je dirige a une durée de vie limitée. Mais nous avons l'ambition de faire davantage de réformes en une année qu'au cours de la décennie qui vient de s'écouler. Nous avons commencé par réformer le système des retraites. Puis viendra le tour du système de protection sociale, avec un double objectif : réduire les coûts …
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