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ISRAEL : LE MAUVAIS GOUVERNEMENT AU MAUVAIS MOMENT ?

Le moins que l'on puisse dire est que l'accession de Benyamin Netanyahou au poste de premier ministre, quelques semaines après les législatives israéliennes du 10 février 2009, aura constitué une douche froide aussi bien pour les diplomates que pour la plupart des observateurs du Proche-Orient. La déception a été d'autant plus grande que, au soir du scrutin, même si les droites l'emportaient largement sur une gauche effondrée, la liste centriste de Tzipi Livni avait recueilli le plus grand nombre de suffrages exprimés. Cette dernière pouvait donc espérer se voir confier la mise sur pied d'une coalition. Las ! Comme lors de la consultation déterminante de mai 1996, quand Shimon Pérès avait finalement échoué à 29 000 voix près face à son jeune rival (mais, à l'époque, le suspense avait duré plusieurs semaines et non quelques heures), on s'endormait avec un futur chef de gouvernement progressiste (ou considéré comme tel)... pour se réveiller avec Netanyahou ! Avènement fâcheux au moment précis où une nouvelle administration américaine venait de prendre ses fonctions, avec à sa tête un président différent et fermement déterminé à changer la donne au Moyen-Orient. Après la crise meurtrière de Gaza, en pleine paralysie du processus de paix d'Annapolis enclenché en novembre 2007 et dans la perspective rapprochée d'une nucléarisation militaire de l'Iran, le nouveau cabinet israélien n'était-il pas, décidément, le mauvais gouvernement au mauvais moment ?Expérience, personnalité et convictions de « Bibi »
À 60 ans, Benyamin Netanyahou fait déjà figure de vieux cheval de la vie politique israélienne. Fils de l'ancien secrétaire particulier de Vladimir Zeev Jabotinsky (le fondateur du courant sioniste nationaliste), il demeure à ce jour le plus à droite de tous les anciens « princes » du Likoud. Dans les années 1980-1990, c'est ainsi qu'on qualifiait un groupe de femmes et d'hommes issus de cette branche politiquement nationaliste et économiquement libérale du mouvement sioniste, et auxquels on prêtait un grand avenir politique. Tzipi Livni y croisait Ehoud Olmert, Dan Meridor y côtoyait Roni Milo. Les deux premiers auront suivi Ariel Sharon au parti centriste Kadima dès 2004, et Livni représente aujourd'hui la seule opposition sérieuse à « Bibi ». Meridor aura pour sa part fondé un éphémère parti centriste (Merkaz) en 1999, avant de retourner au bercail et de rejoindre en 2008 l'aile gauche du Likoud. Quant à Milo, il aura dirigé la mairie laïque et... travailliste de Tel-Aviv !
Ancien officier d'élite dont le frère Yoni tomba lors de la spectaculaire opération de sauvetage d'Entebbé (1976), ancien ambassadeur d'Israël à l'ONU au début des années 1990, détenteur de plusieurs portefeuilles (notamment de celui des Finances, de 2003 à 2005), premier ministre (1996-1999) et, surtout, chef récurrent de l'opposition (1992-1996, 1999-2000, 2006-2009), B. Netanyahou n'est pas un personnage monochrome et monolithique. Pour tenter d'envisager ce qu'il voudrait et/ou pourrait faire de son mandat, il convient d'évoquer certaines de ses actions passées à la tête du pays.
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Netanyahou est un pragmatique. Après la signature des accords …