Au-delà du fait qu'un narcotrafiquant trône au milieu d'entrepreneurs et d'industriels dont la fortune s'est bâtie dans des activités plus classiques, il n'est pas anodin que ce soit un Mexicain et non un Colombien qui prenne la place laissée vacante par Pablo Escobar.
Le Mexique occupe une situation particulière dans la géopolitique régionale de la drogue. Au sud, la Colombie, l'Équateur et le Pérou qui cultivent la coca. Au nord, les États-Unis, premier consommateur mondial de cocaïne.
Entre les deux, le Panama et son canal, reliant l'Atlantique au Pacifique, par lequel transitent quelque 2 000 porte-conteneurs par an, que les autorités laissent passer sans en vérifier le contenu « tant que les papiers sont en règle » (1). De 1981 à 1989, le Panama était aux mains du général Manuel Noriega, qui transforma peu à peu le pays en un paradis pour les narcotrafiquants, mettant à leur disposition les institutions financières du territoire et accueillant sur son sol des trafiquants notoires, à commencer par Pablo Escobar lui-même. Condamné en 1992 à une peine de quarante ans de prison (ramenée à 17 ans pour bonne conduite), Manuel Noriega est détenu à Miami.
La chute de Pablo Escobar en 1993 et la mise en oeuvre, à partir de 1999, du Plan Colombie de lutte contre le trafic de drogue, financé et appuyé militairement par les États-Unis, ont fragilisé les structures du crime organisé colombien, provoquant une vague de violence d'une ampleur inconnue. Au cartel de Medellin s'est substitué le cartel de Cali, qui s'est affaibli progressivement.
Une occasion pour les Mexicains. Leur rôle se limitait jusqu'alors à celui de petits télégraphistes - bien rémunérés - chargés d'acheminer la poudre blanche vers les États-Unis grâce à la bienveillante complicité des autorités. Le chef du cartel de Juarez, Amado Carrillo, surnommé …