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AFGHANISTAN : CHRONIQUE D'UN ECHEC ANNONCE

Dès avant son élection à la Maison Blanche, Barack Obama avait annoncé ses projets concernant l'Irak et l'Afghanistan. L'armée américaine devait graduellement se désengager d'Irak - où, en six ans, elle a perdu près de 4 500 soldats et dépensé 657 milliards de dollars (1) - et être redéployée en Afghanistan. Selon le candidat démocrate, c'est dans ce dernier pays que se joue la guerre contre le terrorisme.Une fois élu, M. Obama a annoncé qu'il allait faire passer le nombre de soldats américains en Afghanistan de 57 000 en juillet 2009 à 68 000 à l'automne. Son but : sécuriser le territoire afin de permettre au gouvernement de Kaboul d'exercer le pouvoir et de tarir la source du recrutement des talibans. Mais une telle stratégie est-elle tenable ? Disons-le tout net : cette guerre ne peut pas être gagnée. À la mi-août 2009, 780 soldats américains avaient perdu la vie en Afghanistan depuis le début des opérations, presque huit ans plus tôt. Et juillet et août 2009 ont été les mois les plus meurtriers de toute la guerre pour l'US Army - preuve que ce conflit, qui coûte quatre milliards de dollars par mois à Washington (2), est loin de s'apaiser. L'Afghanistan est la deuxième guerre la plus longue de l'histoire des États-Unis après le Vietnam ; et, comme au Vietnam, les Américains et leurs alliés ne pourront pas l'emporter (3).
Une stratégie sans porte de sortie
Dans une opération militaire limitée comme l'intervention en Afghanistan, la stratégie peut être définie comme le lien entre, d'une part, les buts politiques recherchés par les États-Unis (et, plus généralement, l'Otan) et, d'autre part, les objectifs militaires et les moyens mis en oeuvre pour atteindre ces buts. C'est en effet au niveau stratégique (gouvernements) que sont prises les décisions concernant les finalités de l'opération et au niveau opérationnel (état-major des armées) que ces décisions sont transformées en opérations militaires sur un espace donné (4). Ce sont les unités militaires (bataillons, compagnies) sur le terrain qui appliquent les ordres reçus et qui sont en contact avec les populations locales au quotidien. Cette chaîne de commandement est particulièrement importante pour le succès d'une opération militaire.
Le commandement et le contrôle des unités militaires est plus efficace lorsqu'un seul pays est impliqué dans une opération. La situation tend à se compliquer avec l'augmentation du nombre de pays participants. C'est pourquoi les opérations de maintien de la paix des Nations unies, par exemple, sont souvent très mal commandées. En Afghanistan, le principal problème auquel sont confrontés les États-Unis n'est pourtant pas celui du commandement (même si la présence de contingents de plusieurs États pose des problèmes au niveau opérationnel) mais bien celui de la stratégie d'ensemble. En fait, la stratégie du président Obama n'est qu'une improvisation destinée à corriger les erreurs de son prédécesseur. Or cette improvisation n'a que peu de chances de porter ses fruits car personne ne connaît les finalités et donc les critères de réussite de cette intervention militaire. Barack Obama se retrouve avec …