Même si les deux auteurs tempèrent leur jugement en faisant valoir que les politiques monétaires et budgétaires sont beaucoup plus favorables à la lutte contre la dépression qu'il y a quatre-vingts ans, et même si l'on assiste depuis le mois d'avril à une réelle stabilisation des indices de production, ces données ne laissent pas d'inquiéter.
L'État impute aux autres les conséquences de ses propres actions passées
L'attitude la plus commune (surtout en France) consiste à croire que la crise actuelle trouve son origine dans les politiques de déréglementation menées depuis le tournant des années Reagan et Thatcher. La crise financière serait la sanction de l'échec des idées néo-libérales. Elle marquerait la faillite de l'idéologie outrancière du tout-marché capitaliste. Banquiers et financiers seraient les principaux coupables qu'il s'agirait désormais de ramener à la raison par une reconstruction appropriée de l'ensemble du cadre réglementaire applicable à leurs professions.
Il est incontestable que le comportement des banques et des marchés financiers est au coeur des processus qui ont conduit à la crise. La vague d'innovation financière qui a marqué les vingt dernières années a entraîné des excès, voire des erreurs dont l'économie paie aujourd'hui le prix. Les managers de ces très grandes entreprises se sont engagés dans des prises de risque totalement insensées. Ils ont mis en place des systèmes de rémunération qui poussaient leurs cadres à rechercher la performance au-delà du raisonnable. Ils ont contourné la législation, notamment en développant à très grande échelle la pratique des activités « hors bilan ».
Il n'en reste pas moins que, partout dans le monde, aucune autre profession n'est plus réglementée que la banque. Comment …